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Les
nouveaux cannibales
CHANTAL GEVREY
Contes politiquement incorrects,
Fondation littéraire Fleur de Lys,
Montréal, 2006, 230 pages.
ISBN 2-89612-186-2
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Chantal Gevrey
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COUVERTURES
Les nouveaux cannibales, contes
politiquement incorrects,
Chantal Gevrey,
Fondation littéraire Fleur de Lys
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PRÉSENTATION
Les nouveaux
cannibales, contes politiquement incorrects,
Chantal Gevrey, Fondation littéraire Fleur
de Lys
Les grands méchants loups et les ogres de notre
époque se cachent plus souvent qu’autrement sous le
vernis de la rectitude politique.
Au rendez-vous de ces mangeurs d’hommes, pêle-mêle :
les ultraviolets, le fisc et la bureaucratie, le
subconscient des victimes, les paparazzi, les
baby-boomers, le voyeurisme du citoyen modèle, la
course au profit, la domotique, l’obsession de la
sécurité, le vieillissement et la dénatalité, la
pollution, et bien d’autres que le lecteur aura beau
jeu de démasquer sous la dérision «douce» de contes
à l’apparence inoffensive. Loufoques, oui, mais pas
autant qu’on le croirait à première vue !
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TABLE DES MATIÈRES
Les nouveaux
cannibales, contes politiquement incorrects,
Chantal Gevrey, Fondation littéraire Fleur
de Lys
Avertissement
Le chat rebotté
Le petit chaperon blême
Vedettes royales
Sandrillon
Le prince charmé
Le roi fou
Le royaume des bonnes
nouvelles
La théorie du chamanisme
économique
Une promotion
Vladimir et le baby-boomer
L’enfant unique
Un cœur solitaire
Majorités invisibles
Le «bal français»
Bouderies
Les fleurs sont des monstres
Ne nous quitte pas
Curiosités
Le jour de la mouche
Au sujet de l’auteur
Autres titres du même auteur
Communiquer avec l’auteur |
15
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25
31
43
53
63
71
95
107
119
127
135
143
151
161
169
183
191
199
217
219
221 |
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EXTRAIT
Les nouveaux
cannibales, contes politiquement incorrects,
Chantal Gevrey, Fondation littéraire Fleur
de Lys
CHOISIR SON CAMP
Le «bal français»
Depuis des jours, on ne parlait plus que de la fête.
Un épais mystère avait beau planer sur les
préparatifs, les rumeurs les plus contradictoires
n’en circulaient pas moins et il ne se passait pas
une heure sans que filtre quelque détail propre à
relancer la machine à potins. Le peuple de l’émirat
et les touristes se pressaient aux entrées du
palais, guettant les indices que pourraient livrer
les allées et venues de plus en plus nombreuses à
l’approche du grand événement. Le gouverneur
laissait volontiers entendre que le souverain allait
déployer un faste exemplaire, mais se gardait bien
d’en dire plus long.
Le peuple émiri, en voie d’extinction, allait en
effet recevoir la plus massive transfusion de sang
neuf de son histoire, sous la forme d’un arrivage de
plusieurs centaines d’immigrants. Il devait se
montrer à la hauteur de ses ambitions, faire les
choses en grand afin de frapper l’opinion
internationale et de favoriser le recrutement
d’autres candidats. Lorsque tant de pays rivalisent
pour attirer des surplus démographiques jeunes et
vigoureux qui ne courent plus les rues, on ne peut
se permettre de ménager ses efforts. Les arrivants
auraient droit à un accueil tel que jamais encore on
n’en aurait vu et dont on se souviendrait à jamais.
Les initiés, qui avaient reçu l’ordre de ne parler à
aucun prix, arboraient la mine des conspirateurs
qu’ils étaient. C’est dire à quel point les esprits
étaient surexcités lorsque arriva le grand jour.
Dès le matin, l’Harmonie émirie, parée des plus
rutilants uniformes, défila jusqu’au port en fanfare
et déploya ses effectifs sur trois étages de la
tribune réservée aux VIP. Dais, drapés et cocardes
aimantaient les regards. Drapeaux et oriflammes aux
couleurs de l’émirat claquaient au vent sur le ciel
bleu. Le peuple déserta les rues de la capitale pour
aller guetter l’arrivée du bateau.
Les gardes civils peinaient à contenir la foule qui
menaçait de rompre les cordons de sécurité lorsque,
tout à coup, le canon se mit à tonner : le
contingent arrivait ! Il y eut un peu de bousculade,
personne ne voulant manquer de voir débarquer ces
êtres jeunes venus d’ailleurs, mais les spectateurs
se calmèrent spontanément lorsque les premiers
immigrants commencèrent à descendre la passerelle.
Il ne fallait pas donner l’exemple de
l’indiscipline, et puis le moment était vraiment
solennel. La population de l’émirat sentait bien
qu’elle vivait des moments destinés à passer à
l’histoire. Un grand silence tomba, que l’Harmonie
mit à profit pour attaquer l’hymne national.
Lorsque deux immigrants agitèrent la main en signe
d’amitié, les vivats éclatèrent. On lança des
chapeaux, des confettis et des fleurs, et personne
n’entendit plus ce que jouait l’Harmonie dont
l’application ne se démentait pourtant pas. Dans
l’allégresse générale, un détachement de militaires
en grande tenue, aux médailles étincelantes,
couverts de galons et sabre au clair, encadra les
nouveaux venus et les escorta jusqu’au palais où ils
seraient officiellement accueillis par l’émir et sa
suite, avant qu’on les loge dans le confort des
appartements normalement réservés aux hauts
fonctionnaires jusqu’à la fête prévue le soir même.
Ils pourraient se mêler à la population les jours
suivants, à mesure qu’on leur attribuerait emplois
et logements permanents. Les autochtones, quant à
eux, avaient bien hâte de voir quelles ethnies
composaient cette fois l’arrivage d’immigrants et
quelles mesures on prendrait pour les intégrer. Ces
derniers avaient eu tout le temps voulu, au cours de
leur traversée, pour prendre connaissance des lois
et acquérir un aperçu des mœurs de leur nouveau
pays. Il leur resterait à se familiariser avec les
habitants et à mettre en pratique les notions
acquises.
On les conviait d’ailleurs à assister, dès le
lendemain, à la pendaison publique d’un fumeur pris
en flagrant délit le mois précédent. L’exécution,
habituellement immédiate en pareil cas, avait été
différée pour pouvoir offrir aux néo-Émiris ce
spectacle de choix, à la fois comme avertissement et
comme divertissement. Il convient de préciser que le
délit de fumée demeurait le seul puni par la peine
de mort, puisqu’on ne pouvait l’excuser ni par une
enfance malheureuse, ni par une maladresse
accidentelle, ni par la légitime défense, ni enfin
par aucune des circonstances atténuantes
généralement invoquées. On se le tenait pour dit et
les exécutions étaient rarissimes. On jugera donc de
l’émoi que pouvaient provoquer dans l’émirat ces
deux réjouissances quasi simultanées.
Le soir de l’accueil, les Émiris purent admirer le
palais illuminé a giorno et entendre les échos d’un
bal qui durerait toute la nuit. Seul, un certain
nombre de privilégiés aurait l’autorisation d’entrer
et de regarder la soirée depuis la galerie
surplombant la salle de bal, mais le peuple n’était
pas oublié, même s’il n’avait pas accès à l’enceinte
du palais, puisque des tentes dressées sur les
pelouses à l’extérieur de celle-ci abritaient une
buvette, des jeux et des spectacles.
La salle de bal était une pure splendeur. Sous les
lustres de cristal brillant de mille feux, les
laquais émiris en perruque poudrée, veste à
brande-bourgs, culotte de soie et bas blancs,
s’affairaient aux préparatifs du banquet dansant,
apportaient des candélabres, déployaient les nappes,
disposaient porcelaine et argenterie. Au crépuscule,
ils allumèrent les bougies dont la lumière mouvante
animait toutes ces merveilles de reflets féeriques.
Enfin ils apportèrent, en une file impeccable, le
premier service du banquet, un potage délicatement
parfumé.
Perplexes, les immigrants attendirent que leurs
hôtes donnent l’exemple, ne sachant que faire d’une
cuiller et d’une assiette. L’un d’eux, qui avait
commencé à boire à même l’assiette, reposa celle-ci
aussitôt qu’il découvrit qu’il fallait employer la
cuiller posée à côté. Il y eut quelques accrocs à
l’élégance, le maniement de cuillers emplies de
potage n’allant pas de soi lorsqu’on n’a pas
bénéficié d’un minimum d’entraînement. L’orchestre
joua légèrement plus fort lorsque son chef s’aperçut
que les invités ne maîtrisaient pas non plus l’art
de manger en silence. La musique couvrant les bruits
de succion et de déglutition, on évita finalement un
embarras réciproque.
Pour faciliter le premier contact des néo-Émiris
avec les usages alimentaires du pays, l’émir avait
fait fabriquer par son orfèvre (celui-là même auquel
on devait aussi les cuillers) des baguettes d’argent
finement ciselées. Les arrivants étaient certes
familiers avec les baguettes, mais n’en avaient
jamais vu de cette sorte. Ils furent donc aussi
empruntés que les natifs du pays lorsqu’arriva le
moment de s’en servir. Personne ne commençait à
manger et cela devenait gênant. Un dignitaire émiri
se risqua alors à demander à son voisin, à mi-voix,
en désignant une baguette : « Qu’est cela, mon
cher ? Savez-vous comment on s’y prend avec un tel
ustensile ? » L’autre ne lui fut d’aucun secours,
mais l’un des immigrants découvrit l’autre baguette
à gauche de sa propre assiette et, fatigué
d’attendre, se servit de la paire, de quelque façon
qu’on la nomme, comme il l’avait toujours fait. Peu
à peu, tous l’imitèrent – avec plus ou moins de
succès – et le repas se déroula sans autre incident.
À la fin, plusieurs y allèrent même de leurs doigts
et croquèrent à belles dents la croûte de leur part
de tarte à la mousseline de mirabelles. Le vin
aidant, les perruques glissaient, les vestes à
brandebourgs se desserraient quelque peu, les rires
fusaient avec moins de retenue. Ce banquet était
vraiment un chef-d’œuvre d’intégration.
À ce chapitre, l’émir n’avait rien négligé. Il avait
fait retirer du palais et des espaces publics tous
les objets culturellement offensants, c’est-à-dire
propres à la culture de l’émirat, et Dieu sait s’il
y en avait ! Désormais, on ne voyait plus aucune
allusion aux faits d’armes du passé dans la
toponymie, aucun objet de culte, aucune image
porteuse d’un sens qui ne soit pas universel. Musées
et librairies avaient été purgés des éléments
douteux. Chansons, livres, journaux, cinéma et
télévision avaient été censurés. On avait
standardisé jusqu’au langage, pour en supprimer
toute particularité susceptible d’apparaître comme
discriminatoire. Comprenant que leur pays d’accueil
sacrifiait sa couleur locale pour faire place à la
culture des nouveaux venus, les groupes d’immigrants
déjà implantés avaient demandé – et obtenu – des
privilèges leur permettant d’imposer leurs propres
particularismes. Il y avait bien eu quelques
protestations, mais deux ou trois pendaisons avaient
ramené l’ordre. Et, en ce soir d’accueil d’autres
groupes, tous les symboles culturels étaient
équitablement bannis. Place à l’expression des
nouveaux arrivants. «Mais, remarqua l’un de ces
derniers avant de se faire vertement réprimander, à
quoi allons-nous pouvoir nous intégrer ?» Question
tout à fait déplacée, bien entendu. «Vous voyez, lui
répliqua-t-on, sur cette table les baguettes sont en
argent et les fourchettes en bois. C’est le symbole
de notre politique d’accueil. Tous les pays n’en
font pas autant et j’espère que vous êtes conscient
de la chance que nous vous offrons.» Très conscient,
le néo-Émiri s’enhardit à demander si on ne pourrait
pas aller jusqu’à obliger tous les autochtones à
n’utiliser que les baguettes. Il n’y aurait ainsi
plus de discrimination du tout. Le dignitaire ainsi
interpellé déclara que ce n’était pas bête et qu’on
y songerait.
Entre-temps, le bal avait été déclaré ouvert, bal
qui, d’après les rumeurs, serait ponctué
d’attractions sensationnelles. Et les rumeurs
étaient bien en-deçà de la vérité.
D’abord, on exhiba le champion olympique de ski,
Mamadou Abialo, et le médaillé d’argent de patinage
de vitesse, Konaré Roustilov, chargés d’offrir la
première danse aux immigrantes de leur choix. Comme
celles-ci ignoraient tout de la valse, les deux
sportifs demandèrent à l’orchestre de bien vouloir
interpréter une danse de leur pays. Le chef
d’orchestre, dans son incompétence désolée, faisait
pitié à voir. L’un des nouveaux arrivants saisit un
violon et tenta de donner un exemple de musique
mongole, mais il s’aperçut bien vite que
l’instrument ne convenait pas. Un nouvel essai avec
un air inuit ne s’avéra pas plus concluant. Tout le
monde se mit finalement d’accord pour des danses
africaines, familières aux deux champions, après
qu’on eut apporté des cuisines des plateaux pouvant
faire office de tam-tams. L’orchestre perruqué
abandonna les morceaux baroques prévus et s’y mit
aussi. Ce fut du plus bel effet.
Puis un roulement de tambour immobilisa tout ce beau
monde, annonçant l’attraction suivante : deux femmes
à la silhouette élancée, à la chevelure blonde et au
teint pâle, tenues en laisse par un colosse – «un
Émiri de troisième génération», chuchota quelqu’un.
Le silence se fit, suivi d’un murmure incrédule :
des blondes ! Où l’émir avait-il bien pu trouver
cette rareté ? À cause du métissage généralisé, on
croyait la blondeur et les teints pâles disparus à
jamais. Bien sûr, tout le monde dans l’émirat avait
un jour ou l’autre décoloré ses cheveux, éclairci
son teint et porté des lentilles cornéennes bleu
ciel. Mais des blondes véritables et un teint
naturellement blanc, voilà qui dépassait
l’imagination. On ignorait alors l’existence d’un
élevage clandestin dans l’émirat voisin. Frappés de
stupeur, les Émiris découvraient l’inquiétante
puissance d’un souverain capable de s’offrir de
pareilles créatures. Ils n’avaient pourtant pas fini
de s’étonner.
Entre les danses, plus pittoresques les unes que les
autres, les attractions se succédèrent jusque tard
dans la nuit. Finalement, on fit défiler sur un
podium toutes les personnalités que l’émir désirait
récompenser pour leur bonne conduite ou leurs
réalisations. L’ordre du mérite civique revint à
Vytautas Papandréou, pour avoir sauvé une vieille
dame de la noyade. On attribua la palme de la
meilleure enseignante à Léah Ben Maroun, le prix de
médecine conjointement à Georgias Bennett-Primakov
et à Ali Casanova, tandis que Lorenzo Mbekele,
Miguel-Cervantès N’Guyen et Aaron Ben Youssef
recevaient respectivement celui du meilleur
designer, du disque le plus vendu et du meilleur
acteur. Il n’y eut pas moins de vingt-sept lauréats
et lauréates, qu’il serait fastidieux de tous
énumérer. Les plus applaudis furent sans conteste
les champions de la natalité, Vishnou Tremblay et
Hiroko Tangürçük, dont la famille comptait
maintenant pas moins de deux enfants.
Le bal continuait. Les immigrants venus de Mongolie
et d’autres contrées lointaines commençaient à
s’habituer aux valses et aux menuets lorsque
apparurent des danseuses marocaines. Ils voulurent
évidemment s’initier aussi à la danse du ventre et
furent bien surpris de se faire dire de se contenter
de regarder. Même le personnel des cuisines
désertait son poste, le service fini, pour se rincer
l’œil depuis l’entrée. Un cuisinier juif reconnut
avec stupéfaction la fille du relieur arabe dont
l’échoppe jouxtait le café de son père dans son
village natal. Les deux commerces y étaient célèbres
puisque, par les hasards des successions et des
mariages, M. Cohen travaillait à l’enseigne de «
Chez Mammoud », tandis que la vitrine de son voisin
Saïd al Djerba affichait fièrement « À l’étoile de
Sion ». L’artiste ne put résister à l’appel de cette
ancienne amitié et jeta son foulard à Salomon Cohen
pour l’attirer dans sa danse, intermède démocratique
qui impressionna beaucoup l’assistance.
Encouragés par ces démonstrations interethniques,
plusieurs dignitaires mettaient à l’épreuve les
rudiments des langues asiatiques apprises des
nouveaux venus. Le vizir confia ainsi à son voisin,
le Secrétaire aux Uniformes, quelques remarques
concernant le savoir-faire des danseuses marocaines
(« hôôôô oïnk aéééééé tsôôô aïïk »), que ce dernier
fit semblant de comprendre en hochant la tête avec
conviction.
Lorsqu’on servit le café qui mettait fin à cette
mémorable soirée, la fête battait toujours son plein
au dehors. Les Émiris ne sont pas gens à se coucher
tôt lorsqu’on leur offre de telles largesses, et
l’heure de la pendaison, prévue à l’aube,
approchait. Quant aux immigrés, ils en arrivèrent à
la conclusion qu’en ce pays-là, on donne un « bal
français » pour souligner les événements joyeux. Ils
eurent donc à cœur, par la suite, de n’en jamais
célébrer sans vestes à brandebourgs, teintures
blondes et orchestre XVIIIe siècle. On dut toutefois
insister sur le fait qu’il n’était pas indispensable
de pendre quelqu’un chaque fois le lendemain matin.
Le plus encourageant, c’est que la réputation de
l’émirat contribua bel et bien à y attirer la fleur
de l’immigration. Ces gens qui finissaient par
vieillir avec les Émiris de souche considéraient
comme de leur devoir de recruter et d’accueillir des
arrivants plus jeunes. Il fallait les voir se
démener sous leurs perruques blondes ou poudrées de
blanc, échangeant de joyeux propos (« hôôôô oïnk
aéééééé tsôôô aïïk ») sur la manière de manger, de
danser et d’effacer sa culture. Oui, un magnifique
exemple d’intégration.
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BIOGRAPHIE
Chantal Gevrey
Chantal Gevrey est née à
Dijon, en France. Elle a grandi dans une
famille dont le père valorisait plus que
tout la liberté, ce qui n’était pas très
fréquent à l’époque, du moins pour les
filles. On y appréciait aussi la bonne chère
et les vins fins, ce que le lecteur pourra
vérifier dans les menus de la nouvelle
«Mémorables festins».
Enfant, Chantal Gevrey ne rêve que dessin,
sculpture et décoration mais sa mère, qui ne
partage pas tout à fait les idées libérales
de Papa, tremble de voir sa fille devenir
une dévergondée dans le milieu des
Beaux-Arts. Le plan B n’a pas plus de succès
: une crise d’appendicite survient la veille
du concours d’entrée au lycée. Reste donc le
collège avec ses techniques (Maman est ravie
: ça, c’est du solide!). À l’issue de ces
études durant lesquelles les chiffres lui
font la
vie dure, Chantal Gevrey peut enfin
gagner les rangs des «lettreux» à l’université, non
sans avoir testé auparavant, durant quelques mois,
le travail en secrétariat. On ne sait jamais,
affirmait Maman, il faut essayer avant de dire que
tu n’aimes pas ça. Désastreuse expérience, de
laquelle Chantal Gevrey émerge plus morte que vive
et allergique pour toujours à la sonnerie du
téléphone.
À l’université, elle opte pour la géographie plutôt
que pour les lettres. Question d’affinités avec les
professeurs, d’aversion pour le formalisme, besoin
de tenter le sort ? C’est en géographie qu’elle
obtient sa meilleure note en Propédeutique, c’est
donc en géographie qu’elle s’inscrira. Il faut dire
qu’elle sent l’appel du large, voyage l’été avec les
copines et toute l’année avec les atlas. Il y a un
pays en particulier qui lui semble fait pour elle :
le Canada. Il nourrit ses fantasmes depuis toujours,
allez savoir pourquoi, et il est alors en pleine
évolution.
Sa licence et une amorce de maîtrise en poche,
Chantal Gevrey fait ses débuts dans l’enseignement.
Mais le projet d’aller passer un an à l’étranger,
histoire de se dépayser un peu avant d’entamer une
carrière sérieuse, histoire aussi d’éprouver ses
limites personnelles, prend forme. Ce sera d’abord
un court séjour à Montréal à l’occasion d’Expo 67,
puis on verra. Chantal Gevrey fait paraître des
annonces dans diverses revues (Internet n’existe pas
encore), pour trouver des contacts et se documenter
avant de traverser l’océan. Elle ne veut pas
consommer du paysage et des clichés mais découvrir
aussi les gens, dépasser les apparences. Une seule
personne lui répond, et ce jeune homme deviendra son
mari. Il se trouve, Maman, que c’est un artiste
peintre !
De retour en France à la fin de l’été, Chantal
Gevrey se demande pourquoi attendre davantage pour
découvrir ce pays dont elle n’a encore pratiquement
rien vu. Aussi reprend-elle aussitôt l’avion en sens
inverse, débarque une nouvelle fois à Montréal,
trouve une chambre avec pension et se met à la
recherche d’un travail, n’importe lequel.
Retour aussi au secrétariat, puisque la rentrée
scolaire a déjà eu lieu. Toutefois, ce métier
réserve bien des mésaventures à celle qui n’avait
déjà pas la moindre affinité pour lui. Au bureau
médical où elle a trouvé un emploi à 25 dollars par
semaine (la pension en coûte 20), Chantal Gevrey
découvre des tâches inusitées, comme préparer les
patients pour leurs examens. Elle découvre aussi,
mortifiée, que les claviers des machines à écrire
sont différents d’une rive à l’autre de
l’Atlantique. Adieu les automatismes, bonjour les
erreurs de débutante !
Après quelques semaines, un poste d’enseignant
devient disponible dans une école secondaire
voisine. C’est le début d’une carrière qui, quarante
ans plus tard, se poursuit.
Le dépaysement, c’est aussi la solitude. Le démon de
l’écriture revient au galop. Il a toujours été là, à
guetter toutes les occasions de se manifester, mais
que de choses il a tout à coup à dire ! Il a bien
fait de se laisser aller, puisque par la suite le
travail au cégep, de nouvelles études à l’Université
de Montréal et la naissance de trois enfants ne lui
ont pas souvent laissé les coudées franches.
Aujourd’hui grand-mère de trois petits-enfants,
Chantal Gevrey se prépare à la retraite, se
promettant bien de pratiquer enfin à temps plein le
métier d’écrivain, dans la liberté que donne
l’absence d’ambitions carriéristes. Bonheur tatol,
comme dit Barcelo.
Chantal Gevrey est membre de l’UNEQ (Union des
écrivaines et des écrivains québécois) et de l’AAM
(Association des auteurs de la Montérégie).
Prix Robert-Cliche, premier roman, 2000
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BIOBLIOGRAPHIE
Chantal Gevrey
PUBLICATIONS «TRADITIONNELLES»
Ô 450 ! Scènes de la vie de banlieue (récits).
Montréal, Marchand de feuilles, 2005.
IMMOBILE AU CENTRE DE LA DANSE (roman).
Montréal, VLB éditeur, 2000 et Québec-Loisirs, 2001.
Prix Robert-Cliche.
VENTS CONTRAIRES (poèmes).
Paris, Les Paragraphes littéraires de Paris, 1968.
PUBLICATIONS EN LIGNE
NUAGES À L'HORIZON (nouvelles du prochaine
monde),
Montréal, Fondation littéraire Fleur de Lys, 2008.
ZOÉ INACHEVÉE (roman),
Paris, éditions en ligne Le Manuscrit, 2007.
LES NOUVEAUX CANNIBALES
(Contes politiquement incorrects),
Montréal, Fondation littéraire Fleur de Lys, 2006.
TRAJETS
(triptyque urbain),
Québec, Fondation littéraire Fleur de Lys, 2005.
NOTRE-DAME DU CLOU (roman),
Paris, éditions en ligne Le Manuscrit, 2004.
RÉCITS DE L’EN ALLÉ
(nouvelles),
Québec, Fondation littéraire Fleur de Lys, 2004.
DIVERS
UN MONDE EN MOUVEMENT (manuel de géographie), sous
le nom de Chantal Grenier, en collaboration avec
Nathalie Thibault. Laval, Études Vivantes, 1995.
Mention au Prix du Ministre de l’Éducation.
Plusieurs nouvelles et essais dans les revues MŒBIUS,
ZINC et VIRAGES.
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COMMUNIQUER AVEC L'AUTEUR
Chantal Gevrey
Chantal Gevrey se fera un plaisir de lire
et
de répondre personnellement à vos courriels.
Adresse
de correspondance électronique :
chantalgevrey@hotmail.com
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Les nouveaux cannibales, contes politiquement
incorrects,
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