signé par Jean-Christophe Laurence dans LaPresse+ et LaPresse
Nous avions souligné le manque de vérification et de
contrevérification des sources par les journalistes couvrant
l'annonce de la nouvelle offre d'impression à la demande par Marquis
Imprimeur dans cet article de ce magazine en ligne :
Aujourd'hui, nous pourrions faire un Copier/Coller de
notre article de 2016 en guise d'appréciation du texte ''Pour
« l’immortalité » du livre'' de Jean-Christophe Laurence dans
l'édition du 7 janvier 2018 de LaPresse+, à une exception près. Le
journaliste se dédouane d'une vérification de ses sources au sujet
de l'impression à la demande (IAD) au Québec en utilisant
l'expression «sauf erreur» (le caractère
gras est de nous):
«En France, des géants de
l’édition et de la distribution, comme Hachette et Interforum-Editis,
ont tous deux intégré l’IAD à leur chaîne de production. Au Québec,
l’imprimerie Marquis s’est également lancée dans l’aventure il y a
deux ans, ce qui en fait, sauf erreur, le seul
imprimeur d’ici à avoir amorcé le virage. Parmi ses quelque 2000
clients, une dizaine de maisons d’édition québécoises
solliciteraient déjà son service d’impression à la demande, incluant
Boréal, Septentrion et Québec-Amérique.»
Un
journaliste sérieux ne peut pas rapporter une information en
précisant aux lecteurs qu'elle est vraie «sauf erreur»
de sa part. Il est de sa responsabilité professionnelle de s'assurer
de la véracité de ses informations, d'autant plus que monsieur
Jean-Christophe Laurence est membre de la
Fédération professionnelle des journalistes du Québec.
3 a) Les journalistes ont
l’obligation de s’assurer de la véracité des faits qu’ils rapportent
au terme d’un rigoureux travail de collecte et de vérification des
informations. Ils doivent corriger leurs erreurs avec diligence et
de façon appropriée au tort causé.
3 b)
Les journalistes doivent situer dans leur contexte les faits et
opinions dont ils font état de manière à ce qu’ils soient
compréhensibles, sans en exagérer ou en diminuer la portée.
3 c)
Les titres et présentations des articles et reportages ne doivent
pas exagérer ni induire en erreur.
3 d)
Les journalistes doivent départager soigneusement ce qui relève de
leur opinion personnelle, de l’analyse et de l’information factuelle
afin de ne pas engendrer de confusion dans le public. Les
journalistes s’en tiennent avant tout au compte rendu précis des
faits. Dans les genres journalistiques comme les éditoriaux, les
chroniques et les billets ou dans le journalisme engagé, où
l’expression des opinions prend une large place, les journalistes
doivent tout autant respecter les faits.
3 e)
Une rumeur ne peut être publiée sauf si elle émane d’une source
crédible, et si elle est significative et utile pour comprendre un
événement. Elle doit toujours être identifiée comme une rumeur. Dans
le domaine judiciaire, la publication de rumeurs est à proscrire.
3 f)
Les journalistes doivent respecter fidèlement le sens des propos
qu’ils rapportent. Les citations, les rapprochements, les ajouts
sonores, etc. ou leur séquence ne doivent pas dénaturer le sens de
ces propos.
3 g)
Photos, graphiques, sons et images diffusés ou publiés doivent
représenter le plus fidèlement possible la réalité. Les
préoccupations artistiques ne doivent pas conduire à tromper le
public. Les photomontages doivent être identifiés comme tels.
3 h)
Les journalistes ne doivent pas se livrer au plagiat. S’ils
reprennent une nouvelle exclusive qui vient d’être publiée ou
diffusée par un autre média, ils doivent en identifier la source.
Dans son article, le journaliste Jean-Christophe
Laurence attribue la conception de l'Expresso
Book Machine à Xerox. Or, ce n'est pas le cas. Le prototype
de l'appareil est l'oeuvre de
Jeff Marsh. Il sera développé et intégré au monde digital par
Jason Epstein et son partenaire
Dane Neller au sein d'une nouvelle entreprise,
On Demand Books (BOD), fondée à cette fin en 2003. Et c'est
grâce à un généreux don de l'Alfred P. Sloan Foundation que
la première version beta de l'appareil sera développée, testée et
construite.
L'idée
fausse de la conception de cet appareil par Xerox se retrouve sur la
version de langue française de Wikipédia :
«Créés par la société Xerox
et commercialisés à l'international par la firme américaine On
Demand Books, une soixantaine de ces systèmes sont en activité dans
le monde en 2016. Une machine coûtant environ
68 000 euros, la rentabilité de ce dispositif est limitée aux
structures importantes.»
Dans la version en langue anglaise de Wikipédia, il
en va tout autrement. La compagnie Xerox n'apparaît pas dans le
texte consacré à l'Espresso Book Machine :
Jason Epstein gave a series
of lectures in 1999 about his experiences in publishing. Epstein
mentioned in his speech that a future was possible in which
customers would be able to print an out-of-stock title on the spot,
if a book-printing machine could be made that would fit in a store.
He founded 3BillionBooks with Michael Smolens, a Long Island
entrepreneur in Russia, and Thor Sigvaldason, a consultant at Price
Waterhouse Coopers. At the time, Jeff Marsh, a St Louis engineer and
inventor, had already constructed a prototype book printer that
could both photocopy and bind. Marsh was working on this project for
Harvey Ross, who held U.S. Patent 5,465,213. Peter Zelchenko, a
Chicago-based technologist and a partner of Ross in a related patent
effort, worked with Marsh to prove the concept and also helped bring
Marsh and other players together with several venture interests.
Ultimately Epstein,
together with Dane Neller, former President and CEO of Dean and
Deluca, licensed Marsh's invention and founded On Demand Books.
The first Espresso Book
Machine was installed and demonstrated June 21, 2007 at the New York
Public Library's Science, Industry and Business Library. For a month,
the public was allowed to test the machine by printing free copies
of public domain titles provided by the Open Content Alliance (OCA),
a non-profit organization with a database of over 200,000 titles.
Eh ! Oui,
la version en français et la version en anglais de Wikipedia ne sont
pas les mêmes dans le cas de l'Espresso Book Machine. Et
toute personne bien informée sait qu'il en va ainsi dans plusieurs
autres articles selon la langue sur de nombreux sujets de
l'encyclopédie en ligne.
Il ne
s'agit pas d'erreur dans la traduction des articles mais plutôt des
auteurs et de leurs sources d'information. L'auteur n'est pas
toujours le même d'une version à l'autre. Qui plus est, les sources
d'information des auteurs ne sont pas les mêmes d'une version à
l'autre. À cela il faut sans doute ajouter la langue courante parlée
et écrite par l'auteur. Tout journaliste, pour autant qu'il soit
professionnel, connaît fort bien ces facteurs de variations influant
sur l'information et, de là, il se donnera la peine de vérifier à la
source (dans la langue d'origine de l'information).
Enfin,
aujourd'hui, le consommateur avisé sait que la compagnie dont le nom
apparaît sur un appareil n'est est pas obligatoirement celui du
concepteur; commercialisation oblige.
Toujours
est-il que le journaliste Jean-Christophe Laurence n'a pas regardé
plus loin que son nez au sujet du concepteur de l'Espresso Book
Machine.
L'impression à la demande, «un système
encore peu répandu» ?
Traitant de l'impression à la demande, le journaliste
Jean-Christophe Laurence écrit qu'elle est peu répandue. C'est faux,
l'impression à la demande a connu le succès dès son apparition à la
fin des années 90 autant en Amérique du Nord qu'en Europe.
Mentionnons le projet «Nouvel
économie du livre» du Conseil de l'Europe incluant
l'implantation de l'impression à la demande en plusieurs pays
membres.
L'impression à la demande est désormais accessible à
l'international. En moins de 20 ans, l'impression à la demande est
devenue une véritable industrie dans le secteur du livre en bon
nombre de pays, notamment anglo-saxons. Elle occupe aussi une place
de choix en Asie.
Contrairement à l'affirmation du journaliste Jean-Christophe
Laurence, l'impression à la demande est un «système» (ensemble
organisé) très répandu.
Il a
sûrement voulu préciser son «information» en mentionnant, plus loin
dans son article :
Longtemps confinée au
secteur de l’autoédition et au milieu académique, l’IAD commence à
faire sa place dans l’édition francophone de type plus industriel.
C'est
vrai, l'impression à la demande dans le monde de l'édition
francophone «de type plus industriel» demeure peu utilisée.
Mais encore faut-il que l'offre soit réellement de l'impression à la
demande.
Qu'est-ce l'impression à la demande ?
Marquis Imprimeur offre l'impression à la demande
mais ne dispose pas d'un «système intégré». La production
implique plusieurs appareils et plusieurs intervenants. Il s'agit
d'impression à la demande artisanale sans les économies
originales.
En effet,
l'impression à la demande consiste à produire les exemplaires
commandés avec seul appareil intégrant toutes les fonctions dans un
flux de production continu (on peut aussi parler d'une chaîne
intégrée d'appareils) et nécessitant l'intervention d'une seule
personne pour son opération. L'imprimeur doit recevoir un nombre
élevés de commandes pour rentabiliser l'achat et l'entretient de son
appareil.
«Années 1990—Xerox introduces the DocuTech 135 Publishing
System—the first laser printer capable of rivaling the quality
of traditional offset printing of text and images. With the
DocuTech, a new set of graphically sophisticated documents,
including books, manuals and marketing materials, became
eligible for printing on demand, with orders fulfilled from
electronic repositories rather than warehouses, saving time and
money.» Source web :
Smithsonian Institution
L'appareil
DocuTech 135 Publishing System de Xerox lancé dans les
années 90 introduit la production de documents à la demande.
Xerox, iGen3
Un autre appareil de Xerox, iGen3, sera
introduit au début des années 2000
et permet l'impression à la demande de livres sur une échelle
industrielle.
PRESSE DE PRODUCTION NUMERIQUE XEROX IGEN3 110
BASÉE SUR LA TECHNOLOGIE SMARTSIZETM -
L'appareil
iGEN3 se vendait plus de un million de dollars pièce et implique un
nouveau modèle d'affaires. Si les commandes comptent un minimum
d'exemplaires de chaque titre, il faut un nombre très élevés de
titres pour rentabiliser l'achat de tels appareils.
Ce modèle
d'affaire ne peut pas se limiter au secteur des titres épuisés pour
être rentable. Il est adopté par des imprimeurs en lien direct avec
les nouveaux services d'auto-édition dont la popularité assure un
grand nombre de titres à imprimer à la demande. Il en va de même
dans le secteur académique avec , entre autres, l'impression à la
demande de micro-tirages de manuels scolaires adaptés aux besoins
particuliers de chaque institution. Le journaliste Jean-Christophe
Laurence a donc raison sur ce point.
The Espresso Book Machine
de On Demand Books LLC. - Cliquez sur l'image pour
agrandir -
Le premier
appareil Espresso Book Machine est installé en 2006 et se vendra à
un prix plus que compétitif soit autours de 100,000$ US,
contrairement au prix de l'appareil de Xerox dépassant 1,000,000 $.
L'Espresso
Book Machine connaît un succès instantané en raison de son prix et
de ses dimensions réduites. On parle d'une miniaturisation de
l'appareil industriel de Xerox. La version originale de l'Espresso
Book Machine mesure un peu plus de 8 pieds de long et 5 pieds de
large. La iGEN3 de Xerox mesure plus de 23 pieds de longs et 6 pieds
de large.
L'impression à la demande au Québec
Aucun imprimeur québécois ne dispose d'un tel
appareil à système intégré d'impression à la demande (un
appareil exécute toute la chaine de production). L'offre
d'impression à la demande au Québec demeure artisanale. Par
conséquent, le prix de production d'un exemplaire à la demande est
trop élevé pour être réellement compatible avec le modèle économique
de l'édition traditionnelle industrielle québécoise. Et nous parlons
ici du prix de production d'un SEUL exemplaire à la
fois.
Car c'est
bien ce dont il est question : l'impression d'un SEUL
exemplaire à la fois à la demande expresse du lecteur. Dans
ce cas, chaque exemplaire imprimé est un exemplaire déjà vendu à un
lecteur. C'est ce qui se passe avec l'Espresso Book Machiche à la
librairie des Presses universitaires de France à Paris tel que le
rapporte le journaliste Jean-Christophe Laurence.
Il en va
de même des librairies en ligne tout numérique, sans
inventaire et sans lieu physique de ventes. Le lecteurs commande et
paie son exemplaire du titre qui l'intéresse, le libraire reçoit
puis achemine la commande de cet exemplaire à l'imprimeur à la
demande, ce dernier l'imprime et le fait parvenir au lecteur. Le
même processus s'applique à l'éditeur qui offre lui-même ses titres
en ligne sur son site web.
Il faut
différencier l'impression à la demande (un seul exemplaire
à la fois) de l'impression de micro-tirages (quelques
exemplaires à la fois).
L'impression d'un seul exemplaire à la fois exécutée de façon
artisanale, avec plusieurs appareils, n'offre pas d'économie
d'échelle au client à moins que l'imprimeur offre un rabais lié au
nombre de titres. C'est le cas de Marquis Imprimeur qui fixe un
nombre minimum de titres à son client pour accéder à l'impression à
la demande.
L'impression de micro-tirage, quelques exemplaires à la fois, est
aussi exécuté de façon artisanale. Marquis Imprimeur vise des
tirages de 25 à 500 exemplaires.
Marquis n'est pas le seul imprimeur à la
demande au Québec
Il n’y a pas de nouveauté ou d’innovation dans le
service offert par l’imprimerie Marquis et son partenaire français
SoBook. La firme québécoise
RAPIDO LIVRES offre un service similaire («un pont
technologique transatlantique» et l'impression de livres à la
demande) depuis 2013 et compte déjà plus 150 clients. Le fondateur
de
RAPIDO LIVRES, Simon Dulac, un ancien de SoBook, écrit sur
son site web : «Après trente années d’expérience dans
l’imprimerie, j’ai décidé de créer à Montréal en 2013 un service de
production de livres à la demande pour les auteurs et les éditeurs.»
L'entreprise montréalaise compte déjà
141 éditeurs clients.
Le
Groupe QuadriScan de Montréal offre aussi l’impression de livres
à la demande, et ce, bien avant l’annonce de l’imprimeur Marquis
l’automne dernier.
Mentionnons aussi le service d’impression à la demande
BOUQUINS PLUS (anciennement Bouqinbec) de Montréal.
Pour
l'imprimeur numérique, il suffit d'ajouter la reliure allemande pour
offrir le service.
Bref, il y a déjà de nombreux joueurs dans le domaine de
l’impression de livres à la demande au Québec.
Ne pas confondre l'impression numérique
et l'impression à la demande
L'impression à la demande de livre est née d'une
amélioration des technologies assurant une meilleure qualité de
l'impression numérique, y compris l'impression en couleurs, et,
faut-il le rappeler, de la conception de système intégré en flux
continu de la chaîne de production du livre par un seul appareil
opéré par une seule personne.
L'impression numérique fait appel à deux types d’imprimantes :
l’imprimante à jet d'encre et l’imprimante laser à encre en poudre.
L'impression numérique a d'abord été connue par le procédé de
photocopie. L'impression se fait alors avec de l'encre en poudre.
L'impression numérique évolue vers l'impression à jet d'encre
(liquide) puis l’imprimante laser ramène l’encre en poudre.
1. Impression par
« jet d’encre »
Son principe est simple,
l’encre liquide pulsée à travers un orifice capillaire, se sépare en
gouttelettes. Chaque microgoutte est déviée, électriquement ou
magnétiquement, au cours de sa projection vers le support
d’impression, on peut dire que la forme imprimante, c’est la mémoire
magnétique, exploitée par l’ordinateur, qui détermine le point
d’impact de chaque goutte. L’image imprimée est donc formée d’une
infinité de petites taches d’encres juxtaposées.
Ce procédé permet
d’utiliser des supports d’impression divers, même les plus fragiles
(calque, transparents, etc.).
2. Impression par
xérographie au laser
La xérographie utilise
comme source lumineuse un rayon laser choisi pour sa finesse et son
intensité. Une mémoire magnétique d’ordinateur constitue la forme
imprimante. Le fixage de l’impression à une température proche de
200 °C oblige à employer des papiers très résistants.
L’encre se présente sous
forme de poudre (ou toner) venant s’appliquer sur le papier par
effet électrostatique. Il convient donc ensuite de fondre cette
poudre pour l’amalgamer à la surface du papier. Les imprimantes
xérographiques à laser peuvent imprimer sur des papiers en continu
ou en feuilles.
Production, directement sur
une imprimante, et sous leur version définitive, de documents mis en
forme par traitement informatique.
Note
L'impression
numérique raccourcit les délais d'édition en éliminant plusieurs
étapes intermédiaires qui sont souvent à l'origine d'erreurs, entre
la conception du document et son impression sur presse offset.
L'impression numérique est donc associée à l'informatique qui permet
une impression directe sur imprimante, à la rapidité acquise par ce
processus.
L'impression numérique est aussi associé à de courts tirages qui,
autrement, sous presse traditionnelle Offset s'avère très
dispendieux en raison du long processus de production.
Dans son
article, le journaliste rapporte le propos de monsieur Alexandre
Gaudefroy, Chargé de mission aux Presses universitaires de France
(PUF):
«Il y a cinq ans,
l'impression à la demande s'intéressait aux livres qui se vendaient
entre 0 et 1000 exemplaires, dit-il. Aujourd'hui, avec
l'amélioration de la technologie, on est passé de 0 à 3000. Moi, je
pense qu'à terme, on pourra faire jusqu'à 10 000 exemplaires en
impression à la demande.»
Il y a ici
confusion entre l'impression à la demande et
l'impression numérique. Si cette dernière se perfectionne et
permet des tirages de plus de 1,000 exemplaires, on ne parle plus
d'impression à la demande qui, sans se version originale, est
associée à de courts tirages. Lorsqu monsieur Gaudefroy pense à un
volume de 10,000 exemplaires. il ne parle pas d'impression à la
demande mais d'impression numérique.
L'impression à la demande est une offre. L'impression numérique est
une technologie. Si la première dépend de la seconde, la seconde ne
dépend pas de la première. La technologie de l'impression numérique
peut se développer jusqu'à concurrencer l'impression Offset et
offrir des tirages aussi élevés que 10,000 exemplaires. Mais ce
n'est pas le cas de l'offre d'un exemplaire à la fois et de très
courts tirages de l'impression à la demande qui, autrement, se
dénaturaliserait.
La Loi du livre et l'impression à la
demande
Au Québec, la
Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine
du livre, communément appelée « loi du livre », oblige l'éditeur
agréé à mettre en marché ses livres en ayant recours à un
distributeur agréé et la librairie agréée à se procurer ses livres
auprès des distributeurs agréés. L'agrément est délivré par le
ministère de la Culture et des Communications et il est obligatoire
pour avoir accès à l'aide de l'État :
L’aide financière que peut accorder, suivant la loi,
le gouvernement, un de ses ministères, organismes ou un mandataire
de l’État à une personne faisant commerce dans le domaine de
l’édition, de la distribution ou de la librairie ne peut être
accordée qu’à des personnes titulaires d’un agrément délivré en
vertu de la présente loi ou qui y sont admissibles.
Dans ce
contexte, l'éditeur québécois agréé ne peut pas vendre lui-même ses
livres aux libraires. Ce dernier ne peut pas se procurer ses livres
directement auprès de l'éditeur. Ils doivent passer par un
distributeur agréé.
Règlement sur
l’agrément des libraires
Loi sur le
développement des entreprises québécoises dans le domaine du
livre(chapitre D-8.1, a. 3, 15, 17, 20 et 38)
7° s’approvisionner chez un
distributeur exclusif, en ce qui concerne les livres qu’il distribue
en exclusivité, lorsque celui-ci est titulaire d’un agrément ou a
fait la preuve et a certifié qu’il est admissible à l’agrément et à
la condition que ce distributeur respecte le mode de calcul du prix
de vente prévu par les articles 15 et 16 du Règlement sur l’agrément
des distributeurs au Québec et le mode de calcul du prix de vente
(chapitre D-8.1, r. 2);
- détenir, durant toute
l’année, un stock minimum de 6000 titres différents, soit
2000 livres publiés au Québec et 4000 publiés ailleurs qu’au Québec,
et respecter la répartition de ces titres dans les 7 catégories
prévues par le Règlement avec leurs minimums respectifs (voir
l’annexe B du Règlement sur l'agrément des libraires, chapitre
D-8.1, r. 4 pour la répartition);
- recevoir les envois
d’office d’au moins 25 éditeurs agréés et garder les titres en
étalage au moins 4 mois.
Voici
trois vidéos au sujet de la structure de l'industrie du livre et de
la distribution produites par l'Association des distributeurs
exclusifs de la langue française:
Principal
mode de commercialisation des nouveautés. Celui-ci permet d’envoyer
périodiquement des nouveautés aux libraires sans qu’ils les aient
préalablement commandées. Les besoins des clients sont déterminés à
partir d’une grille d’office. L’office est assorti de diverses
conditions commerciales qui touchent, par exemple, les droits de
retour ou les frais de port.
Grille d’office
Formulaire
qui est utilisé par un représentant et un libraire pour déterminer,
d’un commun accord, le type et la quantité de livres qui seront
envoyés par l’office de façon à répondre aux besoins du libraire. La
grille d’office permet un classement des livres à paraître dans des
catégories qu’on désigne par le terme cases.
Prénoté
Modification ponctuelle d’un office dans laquelle les quantités
livrées sont différentes de celles prévues dans les cases d’une
grille d’office. Un prénoté se fait d’un commun accord entre un
client et un diffuseur selon des conditions qui peuvent varier d’un
diffuseur à l’autre. Il peut être nécessaire, par exemple, lorsqu’on
anticipe des ventes plus élevées que celles généralement prévues
pour un type de livres.
Complément d’office
Commande
d’un ou de plusieurs livres récemment mis ou remis à l’office, qu’un
client adresse à un diffuseur afin de compléter un office. Un
complément d’office se fait d’un commun accord entre un diffuseur et
un client selon des conditions qui peuvent varier d’un diffuseur à
l’autre. Il est généralement assujetti aux mêmes conditions de vente
que l’office. Il ne faut pas confondre les termes complément
d’office et prénoté. En effet, un complément d’office modifie un
office après son envoi, tandis qu’un prénoté le modifie avant.
Le passage
forcé du libraire agréé par un distributeur agréé imposé par la
Loi du livre ne permet pas à l'éditeur québécois d'offrir
directement aux lecteurs ses livres en impression à la demande,
contrairement à l'exemple des Presses universitaires de France
(PUF) dans sa propre librairie à Paris tel que rapporté par le
journaliste Jean-Christophe Laurence.On trouve aussi
ce reportage d'Arte France sur l'expérience d'impression à la
demande des PUF :
Pour l'heure, le seul lien entre l'impression à la
demande et les éditeurs agréés québécois concerne la production
d'exemplaires de leurs livres en réponse aux commandes des
distributeurs agréés.
Au Québec, l'impression à la demande sur le lieu de
vente (en librairie) n'est pas encore une réalité. Et nous pouvons
nous demander si cela le sera compte tenu de la Loi du livre.
Plus encore, même lorsque la Loi du livre ne s'applique
pas, l'industrie trouve le moyen de répéter le même modèle. On
l'observe dans le cas du livre numérique qui échappe à la Loi du
livre; les éditeurs se sont contraints à un distributeur
intermédiaire (agrégateur - entrepôt du livre numérique) au lieu
d'offrir eux-mêmes les versions numériques de leurs livres
directement aux lecteurs. Est-ce que l'impression à la demande au
lieu de vente au Québec serait, non pas une initiative des éditeurs,
mais des distributeurs ? Dans ce cas, le prix de vente de
l'exemplaire imprimé à la demande sur le lieu de vente serait plus
élevé, question de tenir compte des frais associés aux
distributeurs.
Va-et vient
Dans son texte, le journaliste passe de
l'impression à la demande sur le lieu de vente à l'impression à la
demande pour les éditeurs, puis revient à l'impression à la demande
sur le lieu de vente. Dans ce dernier cas, il s'agit de l'impression
à la demande d'un exemplaire à la fois à la demande expresse de
chaque lecteur mais sa conclusion porte sur des tirages de 0 à
1,000, à 3,000 puis à 10,000 exemplaires. Dans ce cas, il est
question d'impression à la demande pour l'éditeur. Le risque de
confusion demeure élevé avec un tel va-et-vient entre les usages de
l'impression à la demande.
Les options de l'impression à la demande
au Québec
Le journaliste Jean-Christophe Laurence
rapporte les propos de Pascal Assathiany, directeur de la maison
d'édition québécoise Boréal :
«Ce service
oblige à se conformer à des standards qui ne sont pas ceux de
l'imprimerie classique, observe Pascal Assathiany, directeur de la
maison d'édition québécoise Boréal. Par exemple, tu ne peux pas
vraiment choisir ton papier, tu ne peux pas faire de rabat, ni de
jaquette, ni de vernis sélectif sur la couverture, ni de titre
embossé.»
Et voici l'offre de
Bouquinbec, une autre entreprise québécoise d'impression
à la demande :
La meilleure qualité d’impression au Québec
BouquinBec, c’est le meilleur imprimeur de livres au
Québec ! Nous vous garantissons la même qualité d’impression que
celle que nous offrons aux grandes maisons d’édition.
Notre production est réalisée localement et
fièrement, à Montréal. Nous mettons à votre disposition plus de 10
000 combinaisons d’impression possibles pour que votre livre soit le
vôtre !
Choix multiple de papiers (offset ou
couché, mat ou brillant, blanc ou crème…),
et tous sont recyclés ou issus de forêts gérées durablement
Formats sur mesure
Rabats
Choix diversifié de finitions pour
la couverture
Insertion de pages couleur
Cinq types de reliure
Pour vous guider dans vos choix,
nous vous apportons toute notre expertise de maîtres imprimeurs.
Tel que précisé dans les premières
lignes de cet article, il s'agit de la deuxième couverture de presse
attribuant à Marquis Imprimeur le titre de pionnier de l'impression
à la demande au Québec... «sauf erreur», écrit le journaliste
Jean-Christophe Laurence de la Presse. N'eussent été ces deux mots,
je n'aurais pas écrit cet article auquel j'ai consacré plusieurs
jours. Je me désole toujours de constater à quel point les Québécois
sont mal informés par les médias au sujet du monde du livre.
Serge-André Guay, président éditeur Fondation littéraire Fleur de Lys
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