PRÉSENTATION
Agir, essai - philosophie, Endré,
Fondation littéraire Fleur de Lys
« Agir » est une réflexion engageante sur le
temps qui court par l’un de ses contemporains qui se
demande s’il est bien de son époque ! Dans son
questionnement surgiront entre autres ses
préoccupations sur la démocratie, le consumérisme,
la laïcité, le pays, le multiculturalisme. Rien de
neuf à première vue. Mais à regarder de plus près,
l’exposé que l’auteur nous offre ici se présente
comme un regard bien différent de ce qui peut nous
paraître tomber sous le sens. En fait, il nous
propose d’éviter les réponses toutes faites avant de
connaître les questions, car elles n’en sont
peut-être pas !
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TABLE DES MATIÈRES
Agir, essai - philosophie, Endré,
Fondation littéraire Fleur de Lys
Introduction
Je ne suis pas
Deux paramètres
Libérer la raison
Le droit
Des religions, des divinités et des hommes
De la démocratie
La quadrature humaine du cercle de vie
Le vivant
La nourriture
L’histoire entre zéro et l’infini
Agir
Être de son temps
Laïcité
Le Pays
Multiculturalisme
Se connaître pour devenir soi ?
Alors l’autre ?
De la pertinence des sages et des modèles
Conclusion
Au sujet de l’auteur
Communiquer avec l’auteur
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EXTRAIT
Agir, essai - philosophie, Endré, Fondation littéraire
Fleur de Lys
Introduction
L’individualité qui nous occupe tant aujourd’hui est
cette réalité qui s’exprime pourvu que chaque individu se donne l’impression
d’être seul maître à bord. En fait, c’est même un peu plus : l’individu
demande à ses vis-à-vis de se plier à ses exigences au nom de sa liberté,
c’est-à-dire de son droit de s’imposer du fait même de sa conscience de son
importance de soi à l’égard de soi-même et pour conséquence du fait de
n’être pas spontanément et explicitement reconnu dans cette importance par
l’autre. L’individualité ne peut s’affirmer si la personne est seule ! Il y
a là pour elle quelques soucis.
L’individu évolue dans une communauté ce qui peut lui
causer certains drames lorsqu’il n’est pas reconnu, selon lui, à sa juste
valeur. Alors en fonction du droit à sa vie, il aura toujours la possibilité
d’exiger de son milieu que ce dernier s’adapte, d’autant que le commun, lui,
n’a pas d’individualité, qu’il n’est personne. La communauté se
métamorphose ainsi en une pluralité de cellules psychosociales où les
individualités y favorisent leurs semblables. Ces cellules créent un effet
de contagion en ce que plus elles sont nombreuses et plus elles se
justifient par leur nombre. Et, plus elles sont nombreuses et moins elles
regroupent d’individus. Leur cohésion entre elles repose sur leur puissance
à imposer la subjectivité des individus qui les composent comme fait
incontournable dans l’orientation de l’exercice du pouvoir dans la
communauté en général. L’individu, adoubé et encouragé par son appartenance
à sa cellule, se prévaut sur toute personne qui ne s’identifie pas à
celle-ci. Puisque sa « vérité révélée » à propos de son être ou de son vécu
ne peut être remise en question, il va de soi que le droit de vie et de mort
est de son côté.
Il y a aussi cette déconstruction du paraître qui
exige de l’autre de ne pas se fier à se qu’il voit de l’individu en face de
lui, mais à se plier à ce que ce dernier exige comme représentation de
lui-même. Ce n’est pas sujet à discussion, tellement que pour l’individu
l’évidence de la subjectivité intérieure de son être crée l’évidence de ce
qui doit être. Il demande d’être entendu, mais ne partage pas la nécessité
d’écouter.
Heureusement, le bonheur sera au bout de
l’accomplissement de l’individualité, celle qui, à toutes fins utiles, est
reconnu par les autres, et s’il le faut, leur est imposée. Malheureusement,
on comprend ici que le bonheur de l’un dépend du malheur de l’autre, et que
chacun, sans toujours se l’avouer, est heureux du malheur de l’autre.
Puis, se présentent souvent ces individualités qui
sont celles de la subjectivité d’une personne qui se dit objective et libre
dans ses connaissances, ses désirs et ses actions puisqu’elle se situe au «
centre » du monde. Ces personnes se le voient confirmer tous les jours, car
c’est ainsi que la société les éduque et les invite à penser. Comme ils
soutirent des évènements des intentions qui confortent leurs perceptions
d’eux-mêmes, ils sont souvent les premiers individus à signaler qu’ils sont
les premiers à avoir dit ce que, dans les faits, tout le monde pensait déjà
! Il y a certainement un bonheur à vivre dans ce climat où chacun n’est pas
si malheureux puisqu’objectivement conscient que tout est presque parfait
en ce monde, vu qu’il y est, qu’il se situe en son centre et parce qu’il lui
donne sa raison à sa matérialité.
C’est dans le contexte de ces différentes formes
d’individualités qui s’expriment aujourd’hui que ce qui suit commence par un
questionnement sur le bonheur de l’être.
Citations
«Que puis-je vous dire sinon que je ne suis pas à la
recherche du bonheur ?»
«Nous ne sommes pas uniquement nous-mêmes, mais aussi notre propre
environnement.»
«Dans cette autonomie il y a d’inclus la solitude.»
«Le philosophe en ce qu’il pense par lui-même recherche bien peu le
similaire. Il affectionne le déséquilibre dans le but d’agir librement dans
un monde inconstant. C’est dans cet esprit qu’il n’a aucun intérêt pour la
pensée dominante parce qu’elle est caractéristiquement envahissante : elle
empêche de réfléchir par abus de sentimentalisme, de peur et de
culpabilité. De plus, la doxa affirme que tout a été dit et qu’en toute
magnanimité il ne resterait qu’à chacun d’entre nous d’en convenir
sensément. Voilà pourquoi la quête de sa différence, l’exploration de son
altérité sont pour le libre-penseur l’attestation et l’affirmation de
l’autonomie de l’homme qui réfléchit et agit par lui-même tout en osant
confronter ses sentiments et ses idées. Cette ambition d’autonomie concourt
à la pluralité des visages sans l’exigence draconienne de l’acceptation du
philosophe par l’autre et de celle que tous soient libres-penseurs.»
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