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Claire de lune
FELIPE ESTEBAN
Roman poème
Fondation littéraire Fleur de Lys,
Laval, Québec, 2009, 322 pages.
ISBN 978-2-89612-279-0
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Felipe Esteban
Île de la
Réunion
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COUVERTURES
Claire de lune, roman poème, Felipe
Esteban,
Fondation littéraire Fleur de Lys
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PRÉSENTATION
Claire de lune,
roman poème, Felipe Esteban,
Fondation littéraire Fleur de Lys
Jeune, j’adorais les livres de Boris Vian.
La fantaisie, l’humour, la dérision, les
jeux de mots seyaient à mon tempérament.
J’affectionnais particulièrement le
surréalisme de Dali et de Magritte.
J’aspirais au grand Amour. Alors en lisant «
l’amour fou » d’André Breton, je fus déçu
car je n’y trouvais ni cette fantaisie, ni
cette poésie, ni cette exaltation de l’amour
que je recherchais. Par ailleurs, la poésie
m’a toujours attiré. Seulement, je la
trouvais peu captivante, nécessitant un
effort de lecture et d’attention, parfois
difficile à soutenir. La lecture doit rester
un réel plaisir. Sinon elle ennuie. Je
compris qu’en ne racontant pas d’histoire,
en ne développant pas d’intrigue, la poésie
ne pouvait être dévorée comme on dévore un
bon roman populaire, suspendu à chaque ligne
du texte. Toute sa musicalité, mélodie des
mots et rimes rythmés, toute la profondeur
d’émotions et d’images qui se découvre dans
la lecture attentive ou relecture, tous ses
trésors qu’elle a en propre, sans intrigue,
risquent bien de passer inaperçus. Le projet
de Novalis, que j’étudiais à la fac, ne fut
non plus pas à la hauteur de mes espérances.
Certes poésie et roman étaient réunis, mais
ils cohabitaient par simple juxtaposition,
plutôt qu’ils ne s’interpénétraient.
« Claire de Lune » est le projet d’un
poème-roman, ou d’un roman où la
poésie-musique-peinture y serait partout
prégnante. « Claire de Lune », ce poème qui
se déclame haut et fort comme il se susurre
dans le soupir de la pensée, est un roman où
la poésie se veut être au service de
l’intrigue. « Claire de Lune » est le poème
qui s’oublie et qui se savoure dans la
profondeur de sa relecture.
Les mots sont des portes vers d’autres
réalités. Les mots, par leur homonymie et
homophonie, permettent des glissements de
sens poétiques, des chocs de significations
qui étincèlent et peuvent faire naître une
autre réalité, une autre vérité. Les mots
sont comme les couleurs du peintre qui
expriment le spirituel, qui fusionnent sur
la toile plusieurs dimensions d’un même
être. Un paysage n’est pas un homme, un
souvenir, un désir futur… Mais à la fois, il
n’en diffère point car il est ce que l’homme
veut bien voir, donc la visualisation de ses
croyances, de ce qu’il ressent, de ce dont
il se souvient et désire… C’est aussi cela
qu’il y a à approfondir.
Malgré moi (ce n’était pas projeté), «
Claire de Lune » est devenu aussi un roman
philosophique. Roman écrit à la première
personne du singulier, intimiste, faisant
entrer le lecteur dans la profondeur
émotionnelle du narrateur, dans ses pensées
et réflexions les plus intimes, il livre des
conjectures et des intuitions d’ordre
philosophique.
Il y a donc plusieurs dimensions à ce roman,
plusieurs niveaux de lecture superposés.
L’une qui raconte et qui coule. Une autre
qui chante à voix haute et qui émeut. Une
qui se contemple. Une autre lente, qui
déchiffre les symboles et repère les
glissements de mots. Une qui donne à
réfléchir et perdure dans le temps. Une qui
imagine et laisse en suspend.
Ainsi « Claire de Lune » est un roman-poème
temporel et intemporel.
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EXTRAIT
Claire de lune,
roman poème, Felipe Esteban,
Fondation littéraire Fleur de Lys
Chapitre 1
Du haut de l’immeuble,
se jette dans le vide
Perché sur un amas
informel de briques et de béton, haletant, j’humais les miasmes
d’une civilisation stipendiée. Je pouvais voir au loin les ruelles
de la vile, languissante, que des raies colorées et
flottantes tailladaient par endroits. Un vent violant, qui
s’engouffrait dans les coins sombres de la vile, bruissait
une morne mélopée, invoquant le fiel et l’agonie d’une femme qui se
meurt. Ombres. Murmures. Sombres. Terreurs. Jamais auparavant, je
n’avais ressenti un tel sentiment de désespoir. J’étais d’ailleurs
comme un pâle fantôme, étranger parmi ces mortels atterrés, qui se
croisaient frénétiquement sans porter guère attention aux funestes
présages. Je me penchai. Le souffle court, je plongeai dans ce vide,
abîmé, un regard triste. De nombreuses lumières, figées dans un
souffle de vent, semblaient flotter dans les airs viciés, comme des
lucioles éthérées suspendues éternellement entre deux instants
fatidiques. L’éternité s’instantanéantise...
Quand soudain, tout se précipice par à-coups, par bêtise, par
dégoût, à coup de manivelle d’un orgue de barbarie oxydé dans le
fond d’une mansarde étriquée, pleine de souvenirs d’alcôves,
d’étoiles poussiéreuses, d’amour plafonné. Entre quatre murs,
confinés, les rêves se condensent, les rires se compriment, les
sanglots se compressent. Des silences oppressants, complices d’un
mal de vivre, d’un malentendu sanglant... Ça put le renfermé ici −
ne trouves-tu pas ? − le vice, l’immondice, la sueur macérée, le
foutre, le jean-foutre, les pets d’échappement, la rose de synthèse,
la solitude qui pèse, l’égoïsme et la pluie, des culs mal torchés...
des odeurs putrides qui s’exhalent de la vile en
décomposition. Partout alentours les lueurs explosent,
tourbillonnent. De-ci de-là. Le béton se chiffonne comme un rien,
comme un torchon gorgé de sang, comme une lettre à la poste d’un
amoureux coupable de haute trahison, comme un vieux crapauteux,
tout rat-bougri qu’il soit, enfermé dans ses manies
bougonnes. Des larmes de sang perlent, opalescentes d’effroi,
ridulantes dans la nuit comme des griffes acérées. Brûlent comme des
tisons ardents. S’écoulent au compte-gouttes, à petit feu, comme
cette pluie pusillanime. Les lueurs blêmes de la vie s’estompent,
l’une après l’autre... Ne plus voir... Ne rien dire... Ne plus
t’entendre dire des mots insensés qui vous transpercent le
cœur... Se carapater au plus profond de l’âme... Ne rien dire... Ne
plus souffrir de te voir gémir de plaisir, de douleur, de
décrépitude... Ne plus vivre... Ignorer cette lente agonie... Ne
plus penser. A quoi bon ? Que la vile croupissante se meurt
maintenant sous mes yeux. Qu’on en finisse une bonne fois pour
toute...
Une discrète odeur d’humus détrempé, mélangée à d’innombrables
parfums subtils et délicats, ondulait anonymement dans les airs et
caressait tendrement ma peau frémissante. Mon corps, rempli par ce
souffle lénifiant, fut parcouru par une douce allégresse. Très
lentement, je desserrai les doigts qui masquaient mon visage. On
aurait dit une tarentule. Sous les mandibules et pattes velues, les
yeux exorbités de la victime, l’iris meurtri. Et les paupières
gonflées, imbibées de petites larmes frémissaient de peur...
Brusquement une montagne, bien élevée, se découvrit devant moi et se
dressa fièrement dans les airs en défi, transperçant de son pic
acéré, un paisible ciel bleu dont la plaie béante laissa échapper un
liquide bleu argenté qui coula et se mêla agréablement aux verts
puissants et aux ocres rieurs de la montagne en fleurs. Poussé par
le désir d’aller au-delà des limites, j’entrepris de gravir cette
haute forteresse de pierre, dans l’espoir d’y trouver au fond de ses
couloirs obscurs, la réponse à mes tourments.
Monter, ne fut pas chose facile. Au début, les herbes humides qui
fouettaient mon corps, l’emplirent d’une agréable fraîcheur. Mais au
fur et à mesure que la végétation se faisait moins dense, les douces
caresses de la flore hirsute se muèrent en de cruelles griffures,
que m’infligèrent les roches affûtées, n’acceptant pas qu’un
étranger foulât de son pied profane la peau rugueuse de la raison
mise à nu. Combien de pas encore avant de pouvoir m’arracher à sa
lourde pesanteur ? Combien de pas avant de pouvoir faire abstraction
de ce fort sentiment d’écrasement ? Et combien de pas avant
d’atteindre le sommet ?
Arrivé au point culminant de ma réflexion, je me demandai quelle
raison d’être pouvait bien subsister dans cette région
inhospitalière ? Certainement pas celle que je venais à l’instant de
tuer. Certainement pas non plus, celle qui m’avait guidé dans cette
douloureuse ascension. Alors laquelle ? Car il devait bien y avoir
une raison, capable de résister dans cette immensité désertique. Car
il devait bien y avoir une raison, coupable pour vouloir conquérir
l’infini. Car il devait bien y avoir une raison, suffisante pour
vouloir détruire la vie. Autrement ce ne serait pas possible. Un
prétexte, une excuse, un alibi − que sais-je ? − un simple mot de
travers lancé dans le vide sublimé. N’importe quoi. Pourvu que cela
ait un sens. Une raison, une signification significative, un
mensonge éhonté − à la limite, pourquoi pas ? − volontaire, sincère
ou non ? Qu’importe ! Pourvu que cela ait un sens !!
Quelques vers expirés s’envolèrent effrayés, comme un envol
d’oiseaux harmonieusement regroupés, au-dessus de la verdoyante
vallée. Mais avant même qu’ils aient pu jouir de leur sublime essor,
le vent mugissant les rabattit, dès lors, contre les lames
ensanglantées qui garnissaient les parois abruptes de la montagne
sans peur et sans reproches. Ces vers craintifs, accompagnés par un
long soupir tourmenté, percutèrent les pentes ravagées de la
montagne sans cœur, que rien ni personne, pas même la douce folie
des hommes, ne pouvait ébranler. Et tandis que les vents insensés
remontaient rieurs, les vers éventés dévalaient la montagne en pleur
et roulaient éventrés, dans le fond de la vallée où gisaient les
autres cadavres puants de la raison flétrie.
Au sommet des sonnets, les mots n’ont plus de sens. Les réalités
usées sombrent dans un abyssal tourbillon de folles inepties, où
rien ne saurait avoir de signification, excepté le lancinant dégel
de la neige aux reflets roses qui, goutte à goutte, alimente les
torrents rageurs de la vie. Le chant des oiseaux ne s’entend pas sur
les cimes enneigées. Pas même, les mots désossés. Seul le silence,
dans sa solitude infinie, s’impose en vers et contre tout. Immense.
Total. Le silence écrase les réalités vacillantes, entraînant dans
sa chute la raison étourdie qui, pour se décharger d’une trop grande
souffrance, balbutie une plainte sans bruit. Le silence fait écho au
silence et submerge, de son incommensurable profondeur, la raison
qui dérive aux frontières de l’oubli. La muette vanité complaisante
se délabre, morceaux par morceaux. La raison, privée de sa substance
vitale, est prise par le vertige des sens. Elle vomit son fiel et
son sang, qui se déversent au conte-goutte, sur les pentes
languides et délaiteuses de la montagne qui se meurt... Au paroxysme
de la confusion, lorsque la raison semble être désagrégée par cette
énergie sans bornes, une mystique pousse amorphe naît des cendres de
l’égotique pensée. La raison résiste alors aux immenses effusions
chaotiques. Effleure légèrement l’infini maintenant contenu.
Fusionne avec le sublime dans une symbiose immanente qui l’emplit
d’une profonde sérénité. Un trait rouge et quelques cercles noirs
sur fond bleu décrivent ce calme infini. Un bleu (Miro) d’une grande
pureté, comme celui qui recouvre lentement la montagne rubiconde,
éclairée par une étrange lune noire aux reflets inquiétants. Le jour
décline furtivement. Et la pleine lune creuse gagne, peu à peu, en
clarté. Silence. Dort. Sentence. Mort.
Le ciel se vida. Les rues fourmillaient. Les fleuves grossissaient.
Et l’océan submergea les vallées enlacées, comme de tendres amants
dont les formes concupiscentes, qui n’étaient point du goût de
l’amer, barbotaient indécentes dans des draps de satin, précisément
là où se perdaient les rivières d’eau pâle et de diamants, les
cheveux d’or et d’argent, les perles de sang et les larmes
d’airain... Tous ces trésors inestimables que l’océan recelait
jalousement en son cœur, mais que l’onde perverse faisait miroiter
au grand jour. C’est sans hésiter que pour de telles merveilles, je
serai un jour condamné à perpétuité !... Mais déjà, l’ombre de la
nuit s’étendait à grands pas. L’obscurité grandissait en silence et
vint recouvrir ces tours immenses et ces contours intenses, en voies
d’extinction écologiquement parlant. Au-dessus de ces montagnes en
partie immergées, les lueurs venues du passé, transies pour
l’éternité, défilèrent sous mes yeux nostalgiques, me faisant
regretter ce bref instant d’harmonie, ce bleu argenté outrageusement
avili par cette marée noire, que la pleine lune pétroleuse raffinait
grossièrement...
Au centre de cette noirceur, qui effaçait les lignes et les
couleurs, une silhouette gigantesque marchait. Bien que sa forme
nébuleuse ne permettait pas de distinguer les détails de son
anatomie − à n’en point douter rebutante − son écrasante stature
suffit à effrayer tous les arbres grabataires, dont les feuilles
caduques d’égout en frissonnèrent. S’ils avaient pu décamper
au plus vite, ils l’auraient fait. Mais voilà, ils ne pouvaient pas
faire autrement que de rester là, désespérément là, cloués à ce lit
d’argile vaporeux, à attendre anxieusement d’être complètement
refroidis par ce colosse tant redouté de la nuit... L’obscurité
talonnait ses pas. Se propageait rapidement. Bientôt le paysage tout
en entier fut plongé dans l’ombre, que seuls quelques rayons
incarnats parvenaient à percer, frôlant timidement les pics
bassement recourbés des plus hautes montagnes... Arrachées,
soulevées, emportées par le vent qui venait de sortir de sa douce
apathie, des lumières ardentes et poussiéreuses tournoyèrent dans
les airs, qui s’épaissirent de grains en grains. L’oxygène se fit
rare. Je suffoquai. Le souffle court, je regardai ce colosse noir,
avaler sans peine des hectares et des hectares de conifères poudrés,
car pour une telle altitude, il me semblait que le colosse
noir ne manquait pas d’air...
Lorsque le paysage fut entièrement déboisé, rien ne pouvait
m’empêcher, maintenant, de reluquer la vile avec ses
illuminations et ses fantasmes. Elle dansait langoureusement devant
moi. Ses membres inférieurs se tortillaient rageurs aux sons des
trompe-la-mort et ses feux intermittents, aguichants comme des clins
d’œil, me suppliaient de venir sans plus attendre la rejoindre. Mais
moi, par orgueil ou tout simplement par timidité, je la prenais de
haut. Je résistais à ses avances. J’étais pour elle, certainement,
comme un sultan impitoyable qui méprise la femme. Mais elle, sans se
décourager, sans même montrer sa déception, dansait de plus en plus
vite, de plus en plus haut, de plus en plus fort. Dans ce déluge
étourdissant de bruits et de fureurs, je chancelai aveuglément sans
parvenir à discerner les lueurs à venir, oscillant dangereusement
entre la vie et la mort, incapable de réagir sur cette corniche
gargouillante. Les méninges obstruées, les yeux injectés, la
vision troublée par tout ce sang coagulé, j’hésitais encore sur
cette corniche un peu trop édifiante, que les fientes écœurantes des
pigeons délinquants, jour après jours dégradaient. La vile
séduisante dansait toujours en public. Parée de mon voile rouge et
noir, elle déhanchait impudique, captivante et vacillante, sous un
éclairage nouveau. Et lorsqu’elle brûla ses dernières calories, elle
se laissa choir, sans vie, sur une litière de feuilles surannées,
provoquant une série sans gravité d’accidents de la circulation
vasculaire.
Le colosse noir se rapprochait. Il n’avait aucun mal à se mouvoir
dans cette vile soupirante qui, dans le lit grinçant, se
trémoussait frénétiquement. Probablement l’ultime soubresaut d’une
vile agonisante... Il était sur moi. Il me prit dans sa main.
Et me serra si fort que mes os furent sur le point de se briser.
J’avais l’impression que tout mon être se désarticulait sous la
pression de ce géant malfaisant, qui s’insinuait insidieusement dans
le blanc vitreux de mes yeux exorbités. Absorbé par son regard
menaçant, je sentis mes angoisses affluer. Plongé dans ce mal
bouillonnant, je sentis ma conscience se décomposer. Ni le bien, ni
le monde, ni même le « je » ne pouvaient résister à cette corrosive
pression rétinienne. Seul l’instinct primaire de l’animal, qui pâtit
sans raison, parvenait encore à me rattacher au cordon ombilical et
congénital de l’existence... Ma conscience m’échappait. Par ses
orbites lunaires, dégoulinaient tous mes secrets, mes espoirs et mes
craintes, qu’au plus profond de mon être, j’entreposais pêle-mêle,
comme dans un grenier poussiéreux... Nous nous sommes tous, un jour
enfants égarés parmi les objets imaginaires qui hantent nos
greniers. Nous nous sommes tous, un jour enfants émerveillés, devant
les objets animés qui encombrent nos greniers. Et même si ces objets
inavoués de la conscience sont souvent voués à pourrir dans de vieux
cartons bon marché, nous préférons de loin les oubliés dans nos
cervelles étoilées par les tarentules phosphorescentes de nos
compagnes, plutôt que de les voir exposés aux regards profanes des
indiscrets, dans un dépotoir fangeux ou au pied du murmure griffonné
d’un vieux cimetière abandonné. Imaginez alors, ô combien il est
douloureux de surprendre un étranger en train de farfouiller dans
son grenier... Imaginez alors, ô combien, certains regards trop
pénétrants peuvent faire mal. On se sent humilié. On se sent
souillé. On se sent dépossédé au point de ne plus pouvoir se sentir.
On se sent possédé au point de ne plus pouvoir repartir... Et tous
ceux qui s’interdisent de s’émouvoir, tous ceux qui m’interdisent de
me mouvoir, pensant qu’après tout ce n’est qu’un grenier en piteux
état de conscience, ont quoiqu’ils en disent, une âme bien noire,
une âme de prostituée. A moins, peut-être, que ce ne soit moi, en
fait, qui aie une âme de pucelle.
Le colosse noir serra encore plus fort. « Viens ! Dépêche-toi ! Fais
ton devoir ! », hurla à la mort, l’animal enragé qui était en moi.
« Viens ! Dépêche-toi ! Fais ton devoir ! ». Mais comme la mort ne
déniait point venir, l’animal qui pensait pour moi, me supplia d’en
finir... Pourquoi me faisais-tu tant souffrir ? Pourquoi ne
voulais-tu plus de moi ? Pourquoi ne pas se pardonner et vivre comme
avant ? Pourquoi ? Mais pour rien, bien sûr. Qu’est-ce que tu
crois ?... L’animal enfermé ruminait. L’animal souffrait. L’animal
se demandait comment pouvoir se détacher avant d’être totalement
broyé. L’animal déraisonnait. « Crève ! Crève ! Crève ! »,
vociférait le colosse noir. « Rêve ! Rêve ! Rêve ! », implorais-je à
mon tour. « Mais arrêtez ! Je vous en pris. Ne me vider plus le
cœur ! Car dans vos yeux assassins, on ne peut que s’abîmer pour
toujours »... Le colosse noir serra de toutes ses forces. Un
craquement déchirant résonna dans l’infinité du ciel. Et ses mains,
lacérées par le dur labeur, accomplirent ce geste majestueux, tant
de fois répété, de bas en haut en ouvrant son poitrail. Le fémur
fracturé, les phalanges fracassées, les côtes concassées, les
vertèbres brisées... Bref, le corps littéralement pulvérisé, je
montai droit au ciel, sans regret, sans conscience, sans passeport
pour l’éternité. Et chaque particule de mon être parsemé s’élevait
mot à mot dans l’espace clairsemé par cette soudaine expansion de
l’âme, bâtée, qui stupidement mélangea dans un premier temps, le fil
bleu avec le rouge et le rouge avec le bleu. Un jour, peut-être,
ensemencées par mon être particularisé, l’espace bourgeonnera. Les
étoiles filantes fleuriront un temps et les astres, trop mûrs,
tomberont sûrement sur la terre en jachère ne nos pauvres enfants.
Ce jour-là, ni la femme, ni l’homme, ni le serpent ne voudront y
goutter. Et les fruits de mes entrailles moisiront sur la terre
dévastée de nos pauvres parents. Mais ce jour-là, les poules auront
des dents. Elles domineront le monde. Et réduiront en esclavage,
tous les agriculteurs bien membrés et les dentistes prothésistes de
la terre, trop picorée de nos nouveaux dirigeants.
Le fiel irritait. L’amertume brûlait. La nausée s’amplifiait.
Soudain, ma bouche s’ouvrit irrésistiblement pour expulser hors de
mon corps, un liquide rougeâtre qui laissa dans ma gorge, un
désagréable goût amer et une forte odeur putrescente. Une sensation
de froid dans mon dos et une vague lueur achevèrent de sortir ma
conscience de sa torpeur. Ma conscience n’était que ce cruel
ressentiment, ce goût amer dans la gorge qui ne devait, son
existence, qu’à ce vomissement de soi et qui n’avait pas plus de
consistance, que cet infâme fiel. La nausée de soi me permet de
sentir, de voir et de comprendre le monde. Elle donne la
signification de toute chose. Elle me donne même ma propre
existence. Pourtant ce que je veux, elle ne peut me l’obtenir. Ce
n’est pas l’existence, car je ne saurais me contenter du sens de la
vie. Ce que je veux, moi, c’est la vie, non pas en soi, mais en
toi !
Mes yeux s’habituèrent enfin à cette funeste clarté. Un voile,
nébuleux et changeant, masquant un espace sans fond et une lueur
diffuse, semblait se dilater, se contracter périodiquement. La
morosité sublimée d’un vide sans horizon dissipait de vagues formes
noires, qui ne présentaient pas suffisamment de netteté, pour que
mes sens les réifient. Ce n’était que des soupçons faiblement
colorés. Bien peu de chose en vérité pour ma conscience sans
science. Et je ne devais l’illusion du réel qu’au contact glacial
d’un objet anonyme auquel de dos j’étais enchaîné. Je me l’imaginais
comme un énorme monolithe noir, flottant au-dessus d’une brume
indécise et dont la base s’évanouissait plus bas... A l’idée d’être
éternellement prisonnier de ce monolithe noir, ma raison, plongée
dans une obsédante incertitude, tournait et se retournait sans cesse
sur elle-même, comme une bête sauvage prise dans une cage
d’ascenseur. Je me demandai comment elle réagirait, quand le gardien
du zoo ouvrirait la porte pour y déposer son quintal de chair
fraîchement sanctifiée par son après-rasage. La bête probablement se
jetterait sournoisement sur lui, le dévorant tout cru de ses yeux de
chien battu. Et le gardien, désemparé par un tel emportement de
tendresse, accepterait sûrement de la reprendre. Mais avant de
retrouver sa paillasse et son voisin la fouine, la bête déprimée
devra patiemment apprendre à vivre dans cette suite, un peu trop
confortable... à moins, peut-être, que mon esprit cocasse ne trouve
une suite nettement moins chic, pour cet animal vachement
indomptable. Une chambre de bonne, un hangar désaffecté, une baraque
délabrée avec ce gardien humainement zoophile... N’importe quoi.
Pourvu que j’en oublie tous mes fantasmes !... Or mon esprit, que
les tribulations de cet animal non domestique ne parvenaient plus à
distraire, revint à mon grand damne s’enchaîner à cet imposant
monolithe noir, et ma substance pensante, ersatz de cette substance
hallucinogène qui n’agissait plus, revint faire corps défendant avec
mon corps redondant, contre cette brume pulpeuse qui fumigène
sans gène... Qu’il est dur de vivre avec cette dépendance à l’égard
de la liberté ! Qu’il est dur de vivre en manque d’espace dans ce
placard à idées !... Troublé, tremblant, délirant, sans raison et
souffrant, sans comparaisons, je couvais un mauvais trip.
Le temps disparut. Car tout était fixe. Les vagues formes noires et
l’étrange clarté demeuraient désespérément immobiles, ainsi que
cette brume blafarde qui n’en était pas une vraie brume
permanentée à découper au couteau ou taillader à coup de revolver.
Si tout n’avait été que mouvement chaotique et désordonné, le temps
aurait disparu aussi. Car l’irrégularité ne peut pas être sans la
régularité et la régularité ne peut pas être sans l’irrégularité.
Néanmoins, je tentai d’appréhender en vain ce qui n’est pas, en
prenant le mouvement de ma pensée pour l’étalon du temps. La
fougueuse cavalcade de mes anxieuses préoccupations me permit alors
d’en évaluer la profondeur approximativement. Car bien évidemment,
comment être sûr de pouvoir penser sans interruptions ? Sans
interrupteurs ? Comment être sûr de pouvoir évaluer ce qui est
régulier alors que ma pensée, elle, ne l’est pas ? Ici, le temps ne
pouvait donc durer que l’instant d’une sombre pensée. Mais sans trop
me tromper, sans trop me détromper, je pouvais affirmer que tous ces
instants, passés à se morfondre sur sa stèle, furent
particulièrement longs et pénibles. Longtemps, mes cris de désespoir
résonnèrent dans le vide. Car l’ennui et tout ce qui va avec, les
souvenirs ravivés et les mauvaises actions effrontément réfléchies,
rongeaient les ongles de mon âme torturée. Il me semblait alors que
le temps se donnait dans son absolue coercition : les secondes peu
fécondes s’étiraient ; les minutes s’allongeaient ; et les heures,
pour mon grand malheur, s’éternisaient. O temps reprends ton
vol ! Et vous, pensées propices, reprenez votre cours !
Quand la brume devint
claire, quand elle se dissipa, comme la petite fille
insouciante que tu avais su rester, tes yeux matois brillaient
intensément, comme ceux d’un vieux matou que l’on aurait surpris,
dégrisé et mal rasé, comme un ivrogne vomissant sur un lendemain qui
déchante... Quand la brume devint
claire, quand elle se
dissipa, parmi les stèles imposantes de ces hommes et de ces femmes,
morts pour la patrie aux champs d’horreur qui nous habitent, la
confusion était si grande, psychaotique et œdipienne…
Que tu étais belle et gracieuse dans ton habit de fourrure
chatoyant ! Avec ton petit nez retroussé et tes cheveux au vent, tu
resplendissais sur les marches d’antan de cette église
qu’assiégeaient la famille et les amis, le curé et ce beau matin de
printemps. Tout ce beau monde, fringué, fringuant, attendait
respectueusement les jeunes mariés. Les femmes en robes de soirées
jacassaient à pleines dents. Les hommes, costumés comme à
l’accoutumée, fumaient dignement. Tandis que le curé et le soleil,
défroqués et en vrac, s’emportaient, bras dessus bras dessous,
contre tous ceux qui osaient remettre en question l’existence de
Dieu, leur unique raison d’être. Ces deux là avaient tellement abusé
des bonnes choses ce jour-là, émoustillés qu’ils étaient par ce
somptueux spectacle, qu’ils en oublièrent même de célébrer, comme il
se doit, l’arrivée de mon cousin Ferdinand et de sa femme d’un
instant. Par conséquent, du tonnerre de Dieu, ils causaient
librement, comme d’ailleurs beaucoup de choses ici bas... Au lieu de
pleurer comme une madeleine chagrinée de voir son fils lui échapper,
au lieu de se dégonfler comme son époux dans l’espoir de lui
échapper, au lieu de leur jeter des rires cantonnais comme ces
chérubins furieux de les voir s’échapper, au lieu d’exulter comme
les autres gens curieux de voir s’ils allaient y réchapper, au lieu
d’enrager comme un agent du fisc furieux de les voir défiscaliser,
au lieu de se morfondre comme un prétendant un peu trop gênant que
l’on terre à jamais dans ce haut lieu de l’hypocrisie collective,
ils se désintéressèrent d’eux. Le soleil et le curé ne furent pas
les seuls à adopter une attitude de rigueur. Sur ces marches
dégoulinantes d’un bonheur fictif, toi aussi tu te désintéressas,
soucieuse, du mariage hâtif de Ferdinand et de son ex-femme dans peu
de temps. Soucieuse, car quelque chose te dérangeait... Soucieuse,
car tu sentais un danger, une odeur, une présence étrangère qui te
rendaient nerveuse. Brusquement, tu courus te terrer, apeurée comme
une petite créature au pelage soyeux, dans un trou nuageux non loin
de là, au milieu de ces tombes mutilées par les ongles de ces
lendemains crispés, où les visages se perdent, où les visages se
cernent, où les visages se ferment comme ce ciel outragé, pleurant
sur l’épaule d’un enfant crépusculaire, bien trop jeune pour être
habillé de noirs désirs...
Quand la brume devint Claire, quand elle se dissipa, parmi
ces tombes sans épitaphes qui s’alignaient à en perdre la raison,
des yeux à guichet de travers, épiaient tous mes faits et gestes et
retenaient leur souffle afin de ne pas se mouiller. Seulement leurs
clignements incontrôlés, qui cliquetaient dans cette immensité sans
fonds, trahissaient leur méprisante et indécente indiscrétion...
Quand la brume devint Claire, quand elle se dissipa, parmi
ces tombes sans épigraphes qui refirent irruption, une multitude de
petites créatures, toutes semblables à celle qui venait de
s’atterrer, sautaient comme du pop corn texan sur un taureau
mécanique. Ces créatures trop bavardes me submergèrent. Elles
sifflèrent toutes, le même son continu. Ce son décuplé des milliers
et des milliers de fois me rendait complètement dingue. Mon unique
désir était de mettre un terme à ce bruit nazillard, qui
résonnait dans ma tête. Mais ni mes cris, ni mes injures, ni mes
coups de dent à l’emporte-pièce, ne parvinrent à les chasser. Leur
macabre sérénade était sur le point de faire voler ma raison
en-bru-mée... Ah ! Si seulement, j’avais la réponse à mes
questions, j’aurais pu balayer comme un rien, ces démons pernicieux,
qui me soufflent à l’oreille de si sombres idées.
Le vent grinça, dispersant de son souffle vrillé, la brume
blafarde qui s’échappait des profondeurs de la vile. Il ne
restait que quelques sporadiques fantômes, tourmentés et
tournoyants, que le vent, qui n’avait jamais pourtant tempesté
aussi vulgairement, ne parvenait point à dissiper. La rue,
recouverte de pavés glissants qui exsudaient une douce lueur
verdâtre, reflétait les immenses immeubles qui l’emmuraient. Parmi
les lampadaires, qui courbaient lâchement l’échine de peur de
croiser la froide lumière de la lune, un journal froissé comme l’âme
d’un forçat, virevoltait et s’entortillait dans les pieds d’un
passant râleur... Des gens venaient. Ils s’avançaient lentement,
sans convictions. Apparaissaient et disparaissaient, sans
conversations. Leurs visages émaciés ne réfléchissaient rien, pas
même la lueur rauque de la nuit. Vengeurs jaloux masqués qu’ils
étaient par de longs manteaux, imperméables et incolores. Ils
semblaient s’étirer, corbeaux de malheur, oiseaux de mauvais
augures, et m’éviter dans le ciel... Si je parvenais à les distraire
de leurs mornes cadences, peut-être pourraient-ils venir me
libérer ?... Hélas, ces passants-soucis que je regardais marcher
tristement le long de ces murs, rongés par le temps et l’ennui, ne
semblaient point vouloir remarquer ma présence. Aveuglés par
l’ondoyante lumière qui rebondissait mollement sur les tours
larmoyantes, ils baissaient leurs yeux et se faufilaient, accablés
dans un curieux tracas... Passagers dans la vie, cadavres exquis,
ils déambulaient anonymes dans les rues sales de la vile.
Eux, qui auraient pu venir me secourir, n’étaient que des êtres
fugitifs, des passerelles mouvantes vers l’irréel sur lesquelles,
frottait un train rapide qu’accompagnait un furieux fracas... Le
bruit déferla. Les rues encombrées étaient submergées par des
sarcasmes grinçants. Les sons s’étranglaient. Les êtres
s’étouffaient. Et mes appels sans réponses mourraient sous les rires
métalliques... Bientôt les rues redevinrent désertes et
silencieuses. Le train passa. Et les passants passèrent... Absence
intense... Instant absent... Le monde est dépeuplé, donc un seul
être vous manque.
Parmi les façades fades, qui se reflétaient dans le ciel moite,
s’évadaient et disparaissaient les rames du métro suspendu.
Rouillées par les chagrins du temps qui passe, repasse et trépasse,
elles étaient recouvertes d’un linceul de feuilles mortes et dorées,
comme si jamais aucun train, ni aucun train-train, n’étaient venus
soulever ce drap diapré de désespoir... Le silence sans temps...
Lorsque, surgissant sous les arcades vibrantes, une petite balle
rouge roula près de moi. Une petite fille blonde, dont la petite
robe rouge faisait ressortir la pureté de son visage, se rapprocha
tout en riant. Au moment de la ramasser, elle remarqua ma présence.
Leva ses yeux sur moi. L’étonnement, qui se lisait sur son visage
immaculé, se dissipa rapidement. Et le plus beau des sourires
apparut. Ses yeux pétillants d’innocence inondaient mon chœur et
balayaient mes peines... Si elle me sourit, c’est donc que je suis.
Qu’est-ce donc qu’un sourire ? Bien peu de chose en vérité. Il est
Claire alors que l’être tient à peu de chose, donc qu’il ne tient à
rien et surtout pas à autrui... Mais ce doux sourire me redonne
espoir. Car l’espoir est un sourire que l’on adresse à la vie... Ses
bras se dressèrent et effleurèrent ma peau. Ses mains étaient si
chaudes et son regard si tendre... Ce que j’aurais donné pour la
prendre dans mes bras !... Et elle se saisit... de l’animal,
mélomane et nazillard, qui se trouvait sur mon épaule. Le
serra fort contre sa poitrine. Et tout en le caressant délicatement
s’éloigna tranquillement, s’oubliant dans la nuit... Était-il
possible que tu ne me vis pas ? Était-il possible qu’elle ne me
comprit pas ?... La balle roulait. La fille était tachée de
rouge. Elle portait en son sein une étrange musique qui écorchait
les yeux et déchirait les chœurs. La femme disparut. Et la balle
rouge ne roula plus.
Un pas...
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Claire de lune, roman poème, Felipe
Esteban,
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BIOGRAPHIE
Felipe Esteban
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Né en région parisienne, de parents
espagnols, Felipe Esteban a passé toute son enfance à
l’ombre de Paris, capitale de la France, grande ville
chargée d’histoire et de culture, de soupirs, de tensions et
de drames cachés. Après avoir eu une enfance paisible, où
déjà se manifestait, en lui, cette conviction que rien n’est
impossible, de son adolescence plus tourmentée – un regard
moins enfantin porté sur le monde – Felipe garde une
exigence d’absolu et le besoin d’aller jusqu’au bout de ses
rêves. Alors que ses camarades entraient dans la vie par les
flirts et les soirées trop arrosées, le moyen qu’ils avaient
trouvé pour vivre mieux, Felipe ne renonça pas à ses idéaux
et préféra différer son entrée. Dans la solitude d’une
chambre bordant la voie ferrée, il s’essayait à son art.
Dans le défi de l’autorité, il affirmait son désir de
devenir poète. Dans son errance nocturne, il |
s’imaginait une autre vie plus authentique, un autre
monde plus harmonieux et bon. Puis, constatant,
qu’il n’avait pas suffisamment vécu pour donner de
la richesse à ses mots et à ses rimes, il délaissa
pour un temps son travail d’écriture pour se
consacrer à ses études et à la recherche de la femme
de ses rêves.
A l’âge où la maturité fait défaut pour appréhender
la philosophie, Felipe s’y intéressa, en lisant les
ouvrages de quelques grands sages d’un autre temps.
Mais, poussé par la nécessité de penser par
lui-même, il préféra méditer que lire, rester dans
cet état de table rase qui nous soustrait de toutes
influences où tout alors peut être pensé et imaginé,
et surtout, faire le chemin seul. Qu’importe
l’égarement et la perte de temps, qu’importe de n’y
trouver que ce qui a déjà été pensé, ce savoir, par
ses efforts, devient sien et c’est ce qui importe.
Cela ne l’empêcha pas, plus tard, de suivre
honorablement des études supérieures de philosophie.
Diplômé, il était temps de se remettre à
l’élaboration de son premier roman, «Claire de
Lune», qu’il dut à nouveau suspendre. C’est un roman
d’amour, une exaltation du grand amour. Felipe se
devait donc de le vivre avant de pouvoir
authentiquement le conter. En attendant cette
rencontre magique, il écrivit un recueil de
nouvelles et un essai philosophique, perfectionnant
ainsi son style d’écriture.
Il rencontra sa femme, quelques temps plus tard,
avec qui il eut un enfant et partit vivre loin du
béton, de la grisaille et de la tristesse de la
ville, dans un coin plus naturel, à l’île de la
Réunion. Étrangement, cette relation collait à
l’histoire de son roman « Claire de Lune ». Comme si
l’un et l’autre ne faisaient qu’un. Ainsi, l’auteur,
en parallèle à l’évolution de sa relation,
parachevait certains passages de son ouvrage. Et ce
n’est qu’à la fin de cet idéal d’amour tronqué, de
cette fausse lueur d’amour, qu’il put enfin – bien
des années s’écoulèrent depuis son adolescence –
terminer le roman romancée de sa vie.
Depuis Felipe Esteban s’est séparé de sa première
compagne. A enseigné au lycée la philosophie. A
rencontré le véritable amour – l’autodafé de l’autre
était nécessaire pour vivre sereinement et
durablement celui-ci. A développé des aptitudes de
médium qu’il met au service des gens à la recherche
d’eux-mêmes, contribuant à apporter au monde un peu
plus d’ordre et d’harmonie.
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