Chapitre 1 - Le mystère divin
Dans l’apprentissage du mystère divin, jouant leur rôle,
l’entredeux et l’escalier du temps sont les fruits de ma conscience en
éveil. D’un coup de baguette magique, ils sont balayés par le souffle
pur. Le souvenir de cette coexistence étrange laisse dans mon âme une
trace ineffaçable.
Wow ! À destination du paradis, je suis une pulsion vibratoire
qui transcende la limite d’une nouvelle dimension. Présent, dans un
continuum indéfini, je me retrouve réinventé, sur un disque concave fait
de diamants miroitants. Comme Ulysse à la recherche de la toison d’or,
la lumière m’accueille ; me retenant amoureusement, je deviens un
globe-trotteur à la quête de moi-même et l’odyssée m’enchante. Je me
réconcilie avec l’infinité ; ivre de joie, je suis à l’écoute de
l’harmonie céleste.
Le doute m’assaille autant ; j’ai rendez-vous avec Dieu… enfin la
lumière, je veux la reconnaître en moi. Je ne vais pas la repousser
indéfiniment. Manifestement, me sécurisant, l’énergie délurée d’emblée
crée autour de moi un habitacle douillet. Elle torsade en demi-cercle
alternatif sa forme en filaments incandescents sertis d’éclats pourpres
et teintés d’ambre.
C’est le règne du silence où la musique est le cœur qui bat au
rythme de ses désirs. L’espace, le temps ainsi que la distance ne
semblent plus faire partie du même moment… seule l’éternité perdure. Le
passé, le présent et le futur, tel un rêve, existent toujours en moi et,
désirant me remettre au monde, je suis conscient d’être identique à tout
ce qui m’auréole.
Soudain, à perte de vue, s’ouvrent à moi, une ville, un pays, une
planète. Je contemple, ébahi ! En liesse, je chatoie et bombarde Siïi,
allègrement, de toutes les couleurs de mon aura.
— Un mirage, dans le désert de mon âme, non, m’écriè-je, c’est le
cosmos !
— Oui, Gilbert, c’est le paradis, la promesse.
Je suis au ciel, incroyable ! Suspendue, dans l’infinité
magistrale, une agglomération en rayonnement d’une brillance absolue
irise le vide, duquel la luminosité jaune du haut me semble plus
vibrante que le bleu de celle du bas. Enveloppé de l’aura de Siïi, je
contemple une absoluité de pure lumière éblouissante d’amour. Dans la
pensée insondable, l’être désincarné que je suis devenu, découvre la
splendeur du monde surnaturel.
— Où suis-je donc ?
— Tu es au ciel, tu viens de le dire. Mon ami, le doute affaiblit
l’esprit ; tu dois avoir la foi, sinon la retrouver. Ton odyssée
commence ici… Avance, Gilbert, approche-toi et viens te vivifier dans la
lumière éternelle.
Je dois conceptualiser ma mort ; c’est un dilemme et je doute
toujours. Si je ne suis pas décédé, je suis dans un rêve fantastique.
Toutefois, j’ai gravi l’escalier du temps et cela m’est impossible de
croire que je suis encore vivant.
— Siïi, ai-je traversé dans l’autre vie, celle de la promesse ?
— Gilbert, je te l’affirme. Tu es arrivé, c’est ça, absorbe la
lumière que je dégage, elle vient de la Source éternelle, donc
inépuisable… une offrande d’amour !
Ainsi, je prie la lumière de se manifester en moi, je sais que,
maintenant, je possède toutes les qualités pour la recevoir, de
véritables trésors me seront révélés.
Siïi me guide vers ce qui m’apparaît être la Source dont tout
tire son origine. J’ai l’assentiment d’être libre et d’aller vers
l’achèvement ultime, à la rencontre de la paix, de l’amour et de
l’harmonie… je suis bienheureux. Je suis de la quintessence même de ce
qui m’entoure et, à ce moment, moi, Gilbert Paradis, je réalise avoir
été un être de chair, métamorphosé en un être de lumière. Je vibre sous
l’effet d’un archet tout puissant ; je m’approche du principe divin et,
dans la luminescence de ce monde gigantesque, je me désaltère d’amour.
Peut-être vais-je vers la clarté, peut-être la clarté vient-elle
vers moi. Peu m’importe… Je prendrai tout ce qui me sera offert et je
traverserai l’éternité dans la sensation de rentrer à la maison après un
long voyage.
Le transporteur céleste atterrit et épouse l’ove dans l’alcôve
d’un débarcadère. À l’arrivée, comme par enchantement, la cabine
s’évapore en gouttelettes papillotantes de scintillations. Siïi se
volatilise dans une échappée laissant derrière elle une poudre d’étoiles
opalescente et, recevant l’écho de son chant angélique, elle me dit :
« Adieu mon ami ». Je sais qu’elle va vers d’autres âmes, car telle est
sa mission.
Une porte s’ouvre, une musique transcendante me traverse en un
long frisson de félicité. Tandis que, mué par une énergie
exceptionnelle, je pénètre dans l’enceinte étincelante de ce que je
crois être le parvis du paradis ; je me sens revivre.
Dans l’actualité de mes souvenirs, je ne ressens plus la douleur,
mais de la joie intense. Un instant de penser au Gilbert que je fus, me
perturbe. Alors, je doute que je sois mort et que, maintenant, je sois
dans un rêve d’un univers angélique. J’ai peur de me réveiller couché
dans un lit d’hôpital entouré de blouses blanches s’acharnant à me
garder en vie.
Tout à coup, je suis effleuré par un ballon de poil en
rayonnement irisé d’orangé sortant de nulle part, duquel le jappement
joyeux me rappelle celui de ma Princesse. Je suis étonnée par
l’incursion soudaine de mon amie d’enfance que je sais morte depuis un
lustre.
Viens Princesse, viens, tu me reconnais, je suis Gilbert, dis-je,
devenant tout à coup ce petit garçon heureux comblé par la vie. Nous
courrons après les papillons, comme nous le faisions dans la prairie.
Non loin de la fin des surprises, un rire cristallin d’enfant me
traverse… Quel merveilleux sentiment ! Dans la diaphanéité de l’endroit
où je me retrouve, je suis ébahi à la vue d’une fillette belle comme un
chérubin chevauchant la lumière et laissant dans sa suite des mouvances
colorées en bleu pastel. Je suis curieux et m’approche d’elle. Elle
s’éloigne et puis réapparaît en riant aux éclats.
— Qui es-tu, petite fille ? Que fais-tu dans mon rêve ? Est-ce
que nous nous sommes rencontrés ?
Sans me répondre, elle s’applique, s’amusant, à me poursuivre de
ses rires joyeux.
Nous avons un point en commun, nous nous identifions. Je veux la
prendre par la main, toucher ses cheveux étoilés et la serrer sur mon
cœur. Elle tourbillonne sur elle-même et mes doigts rencontrent la
lumière.
— Tu ne me reconnais pas papa, chuchote-t-elle en pastel, me
dépassant en coup de vent, je suis Lison, ton bébé. Ici, tu auras
beaucoup à apprendre ; je suis là pour t’aider.
Ouf ! encore une fois, je me pince et je ne ressens pas ce que
j’aurais dû ressentir. Je ne rêve pas, et toutes ces choses
invraisemblables sont donc vraies.
Wow ! Je baigne dans la clarté ; je suis triomphant et de penser
à Lison, ma chère fille morte dans le sein de la mère, ne me fait plus
souffrir. Le passé, le présent et le futur m’habitant, en cet instant,
en symbiose avec l’éternité, j’ai la certitude de l’avoir retrouvée et
que toujours, en esprit, elle sera présente.
Au milieu de cette translucidité, des languettes embrasées
vibrantes d’intensité se mettent à scintiller et prennent une forme
humaine en lumière étincelante. Alors, je les reconnais, ce sont ceux et
celles que j’aime et qui sont morts avant moi. J’ai le désir impérieux
de les rejoindre et de m’unir à eux.
— Murielle, maman, papa Maximilien, Gilles, Daniel, Luc, tante
Iphigénie, mes grands-parents vous êtes venus pour m’accueillir ?
Attendez-moi, j’arrive, leur criè-je plein d’espoir.
Je reste figé sur place, un chœur céleste s’élève en chants de
grâce mélodieux. Comme eux, enivré de contentement, je sais qu’un
événement grandiose se prépare. Puis, une lumière brasillante, tout
comme mille soleils au cœur violet, s’ouvre en diagonale et devant mi,
accompagné d’une multitude d’élus, un Saint se manifeste dans toute sa
gloire. Plusieurs portent en eux la trace transfigurée de leurs
souffrances, tandis que d’autres sont gratifiés de l’altruisme dont ils
ont fait preuve de leur vivant en regard de l’humanité.
Se détachant du groupe, l’un s’avance vers moi. Je le reconnais,
on me l’a enseigné. Jadis, il a vécu sur Terre d’ailleurs, — ils ont
tous vécu sur Terre, à différentes époques — ils ont marqué l’Histoire
de leur vie. En délégation, un Christ est venu du septième ciel, afin de
m’accueillir et ainsi m’introduire dans la vraie vie.
Dans le sacro-saint, il est le roi des rois, pour moi, il
s’appelle Jésus. Ambassadeur de la lumière, sur terre, multipliant sa
présence auprès de nous en autant de facettes qu’il le souhaite. À son
côté, aux mains et aux pieds, il porte des stigmates écarlates en
gouttelette de lumière solidifiée. Le rayonnement d’amour se dégageant
de son cœur en combustion est une mer de tranquillité. Je comprends que,
pour lui, le cycle des réincarnations est terminé.
Nous sommes la lumière du monde, m’insuffle-t-il, en
m’enveloppant d’une puissante énergie de dilection, bienvenue chez toi,
héritier pérenne, nous t’attendions…
|