Introduction
Quand on demande au Québécois moyen, l’homme de la rue, ce qu’il a à
reprocher à l’Église catholique au Québec, il répondra en tout premier lieu
s’il est une femme : « La pression de l’Église pour que les femmes aient de
grosses familles. La pression en chaire, mais surtout dans les
confessionnaux où les prêtres semonçaient les femmes d’empêcher la famille,
de n’être pas enceinte chaque année. Si la femme n’obéissait pas, les
prêtres allaient jusqu’à la menacer de châtiments éternels. » Les femmes
catholiques étaient croyantes et surtout elles avaient une peur bleue de
l’enfer. Elles obéissaient donc. Surtout elles ne devaient pas se refuser à
leur mari et elles ne devaient pas employer des moyens de contraception. La
Québécoise va surtout reprocher à l’Église sa misogynie séculaire, grand
crime de l’Église.
Le Québécois va reprocher à l’Église de s’être mêlée de politique, d’avoir
exercé une hégémonie écrasante sur la société québécoise, d’avoir utilisé
des armes spirituelles pour imposer sa morale et ses idées politiques.
Certains plus au fait iront jusqu’à reprocher notre retard scolaire ou
encore l’implication de l’Église dans des scandales comme ceux des Orphelins
de Duplessis et des pensionnats autochtones ou des prêtres pédophiles. Mais
en général, les récriminations s’arrêtent là. Très peu vont mentionner les
grands crimes de l’Église universelle que l’Église du Québec endosse
totalement. Certains même vont se demander pour quoi cette hostilité envers
l’Église, une si bonne organisation, si généreuse?
Les Québécois ont l’habitude de faire des reproches à ce qu’ils appellent
couramment la religion, la religion étant l’Église catholique, la religion
qui a occupé presque toute la place depuis la fondation de la
Nouvelle-France jusqu’à nos jours.
Certains vont répliquer que l’Église a fait beaucoup de bien au Québec,
qu’elle a sauvé notre religion, notre langue, notre culture, qu’elle a
instruit nos ancêtres, les a soignés, les a accueillis dans les orphelinats,
les hospices et les hôpitaux psychiatriques. Mais j’espère bien! L’Église
n’a pas été que criminelle, diabolique ou maléfique, après tout c’est une
entreprise d’amour du prochain, pas surprenant qu’elle ait fait du bien et
beaucoup de bien, surtout en étant bien payé pour le faire... Mais justement
une entreprise vouée au bien de la population ne doit pas commettre de
crimes, de méfaits et l’objet de ce livre est de dénoncer ce qui n’est pas
dénoncé, soit les méfaits et les crimes de l’Église catholique au Québec. Un
citoyen peut mener une vie exemplaire jusqu’au jour où il commet un crime.
On ne dit pas : « Il ne faut pas l’arrêter, le dénoncer parce qu’il a mené
une vie exemplaire. » Non il faut l’arrêter, le juger et le condamner si
c’est le cas, peu importe tout ce qu’il a fait de bien dans sa vie. Pourquoi
traiterait-on différemment une religion qui a fait beaucoup de bien, mais
aussi beaucoup de mal?
Les Québécois ne connaissent pas très bien les nombreux crimes et méfaits de
l’Église catholique au Québec, sa mauvaise influence, ses malversations, ses
exactions. Ce livre a pour objectif de faire connaître aux Québécois les
nombreux crimes commis par l’Église en terre québécoise. Ce livre a aussi
pour objectif d’en tirer les conséquences qui s’imposent aussi sévères
soient-elles.
Ce livre n’a pas la prétention d’être le premier à faire le bilan négatif de
l’Église catholique au Québec. Plusieurs s’y sont risqués. Borduas dans son
Refus global s’attaque violemment à l’Église catholique. Au lieu de répondre
à ses critiques, l’Église l’a forcé à s’exiler pour le faire taire. Avant
lui, Louis Fréchette avait porté de grands coups. Dessaules fut le premier à
être mis à l’index pour sa Lettre sur l’intolérance. Sans oublier Les
Insolences du frère Untel. On trouvera dans la bibliographie bien d’autres
livres critiques sur la conduite criminelle de l’Église. Mais ce livre noir
est probablement le seul à dresser la liste des crimes de l’Église et à en
faire une description impitoyable. Le premier aussi à proposer un remède
radical, une médecine de cheval à cette Église du Québec et par le fait même
à l’Église de Rome.
On a consacré quelques livres à l’histoire du catholicisme au Québec, mais
jamais, à ma connaissance, un livre noir. La plupart sont écrits par des
croyants incapables de voir la poutre dans l’œil crevé de leur Église et par
conséquent ils portent de faux diagnostics. Je retiendrais cependant
quelques livres et auteurs qui me semblent être plus prêts d’un vrai
diagnostic : Louis Rousseau et Normand Provencher que je mentionnerai à
quelques reprises tout au long de ce livre.
Je m’attarderai plus longuement sur le livre de Hans Küng, Peut-on encore
sauver l’Église?, qui a le mérite d’être très lucide et parfois brutal dans
sa dénonciation de l’Église, mais Küng est un théologien ce qui le rend
aveugle et incapable de dénoncer les crimes de l’Église. À ses yeux, cette
dernière est tout simplement malade et sa maladie, c’est la domination du
pouvoir romain. Tous les grands crimes de l’Église et du christianisme que
je mentionne dès le premier chapitre ne seraient donc selon lui que de
simples maladies et le remède consisterait à éliminer ce pouvoir romain et
l’Église serait guérie. Les traitements qu’il propose représentent selon moi
des cataplasmes, rien de plus. Il veut rénover et réformer l’Église, mais la
curie romaine se donne la mission de faire échouer toute réforme alors qu’il
propose justement l’abolition de cette curie. C’est comme si on permettait
au cancer de contrôler les médicaments efficaces qui le combattent. Küng ne
voit pas que l’Église est incapable d’admettre qu’elle est malade, et encore
plus incapable de reconnaître qu’elle est criminelle. Donc, sa sénilité
sombre dans une sorte de démence incurable.
En outre, ces auteurs n’analysent pas en profondeur l’agonie de leur
religion. Ils se contentent de suggérer comme solution une sorte de
cosmétique ou de cataplasme, comme des conciles, des synodes, de
l’œcuménisme, du charismatique, ce genre de panacées. On trouvera mon
analyse et ma solution au dernier chapitre de ce livre noir.
Quant aux simples croyants, ils sont absolument incompétents pour discerner
le moindre problème de leur Église; à leur tour leur croyance les rend
aveugles. À leurs yeux, la Bible n’est pas immorale, les évangiles non plus.
Ils reconnaissent que l’Église a peut-être commis des erreurs, mais surtout
pas des crimes, jamais, pensez donc, une institution aussi sainte!
Bref, un croyant est incapable de soigner son Église ou sa religion parce
qu’il a été inoculé contre toute critique par les poisons vifs qu’elle lui a
infiltrés dès son baptême au mépris de sa liberté de conscience. La plupart
des croyants n’ont pas ainsi développé un système immunitaire qui leur
permettrait de juger leur propre religion avec lucidité et objectivité. J’ai
fait moi-même l’expérience au cours de conférences d’énumérer tous les
crimes de l’Église devant des croyants tels qu’on les trouvera au premier
chapitre et d’être estomaqué de constater que ces croyants n’y voyaient
aucune raison de renoncer à leur foi ou du moins à leur adhésion à une
religion aussi criminelle. Pour eux, il suffisait de tourner la page et tout
était beau. Mais les mêmes croyants condamnaient avec férocité le soi-disant
déicide des Juifs qui remonte à 2 000 ans ou les persécutions des
Révolutionnaires français ou des communistes. Ils ne tournaient pas, mais
pas du tout, la page sur ces crimes, les crimes des autres, des mécréants.
Devant l’évidence des preuves et des arguments, il ne reste plus au croyant
qu’à se réfugier dans ce qu’on nomme le blocage psychologique ou encore
d’une façon plus imagée l’aveuglement volontaire. Il refuse de discuter,
d’analyser, de reconnaître les méfaits et les crimes de son Église parce
qu’il risquerait de perdre la foi et de mettre ainsi en danger son salut
éternel. Cet aveuglement volontaire a malheureusement justifié l’Église de
s’enfoncer plus avant dans ses crimes impensables pour une institution vouée
à la charité et à l’amour du prochain. Surtout devant ses attaques, elle ne
pense plus qu’à sauver sa peau, peu importe qu’elle trahisse la mission
qu’elle s’est donnée.
Ce livre noir doit répondre à la question suivante : « Pourquoi les
Québécois ont-ils quitté massivement l’Église catholique et en quoi l’Église
est-elle coupable à leurs yeux? » Ce livre a pour objectif de répondre d’une
façon très précise à ces questions. Si des Québécois se demandent en quoi
l’Église catholique est-elle coupable de crimes envers eux, ils pourront
ouvrir ce livre et obtenir une réponse détaillée, solidement argumentée et
richement documentée. Parce que si certains crimes sont évidents à
l’ensemble de la population, d’autres sont ignorés parce que dissimulés par
l’Église elle-même.
Un livre noir peut porter sur une foule de sujets : des crimes, des méfaits,
des omissions, des devoirs non remplis, des lacunes, des abus, etc. Au lieu
de procéder simplement d’une façon chronologique, j’ai préféré regrouper les
faits autour d’un thème comme les crimes de l’Église envers les Autochtones,
l’Église responsable de notre retard scolaire, l’Église en faveur des
guerres, la collusion de l’Église avec le colonisateur britannique, etc.
Autrement dit ce que l’Église a fait de mal, mais aussi ce qu’elle n’a pas
fait de bien et ce qu’elle aurait dû faire. Cette méthode permet de
comprendre la conduite de l’Église sur une période de quatre siècles ce qui
est très révélateur et tient compte de tous les contextes historiques.
En quoi l’Église catholique actuelle du Québec porte-t-elle la
responsabilité de tous les crimes du christianisme au cours des deux
derniers mille ans? Elle n’est pas responsable de l’Inquisition, de la
chasse aux sorcières, des guerres de religion et de tous les autres crimes
de l’Église universelle, mais il faut qu’elle admette que tous ces crimes
font partie de son histoire. Le grand mérite du pape Jean-Paul II a été de
demander pardon pour tous ces crimes. Après avoir obligé ses fidèles à se
confesser dans les détails pendant des siècles, lorsque son tour est venu de
passer au confessionnal, l’Église avait tellement tardé à se confesser qu’on
ne l’espérait plus. Donc qu’on le veuille ou non, l’Église du Québec est
complice de tous les crimes de l’Église universelle pour les avoir endossés
pleinement.
Aucun évêque, aucune conférence des évêques catholiques du Canada n’a
condamné l’antisémitisme, l’esclavage, l’Inquisition, les croisades, la
chasse aux sorcières, bref les grands crimes commis par l’Église romaine et
par l’Église du Québec dont le silence était complice.
Est-ce que l’Église catholique actuelle du Québec porte la responsabilité de
tous les crimes présents du catholicisme? Prêtres pédophiles exemptés de
faire face à la justice civile, interdiction du condom et de la
contraception, interdiction de l’avortement. Oui, cette Église est
pleinement et totalement responsable de ces crimes. On ne peut faire partie
d’un peuple, d’une religion, d’un groupe quelconque sans être coupable de
ses crimes.
Est-ce que l’Église actuelle du Québec est responsable de tous les crimes
qui vont être étalés dans ce livre? Bien sûr, c’est pourquoi elle doit
reconnaître qu’ils font partie de son histoire et en demander pardon à la
population du Québec comme l’a fait le pape Jean-Paul II pour l’Église de
Rome. La population a le droit de connaître les crimes de l’Église envers
ses ancêtres et les crimes actuels du catholicisme.
Cette demande de pardon ne doit pas se faire en secret dans un confessionnal
imaginaire, en minimisant les méfaits et les crimes comme l’ont fait
certains évêques et même la Conférence des évêques catholiques du Canada.
Non cette demande de pardon doit se faire ouvertement, officiellement,
clairement sans minimiser aucunement les méfaits et les crimes de l’Église
du Québec. Elle ne doit pas se faire en secret lors d’une assemblée
d’évêques ou dans un palais cardinalice ou épiscopal. Elle doit se faire à
l’Assemblée nationale, devant le parlement du Québec, sous les caméras de la
télévision afin de lui donner une publicité assez grande pour que cette
demande de pardon s’inscrive dans notre Histoire.
Portrait du déclin de l’Église actuelle
On va prétendre que par son déclin actuel, l’Église a suffisamment expié ses
crimes et qu’il ne faut pas en remettre. Mais sa culpabilité n’est pas
encore reconnue clairement. Jusqu’ici l’Église s’en est trop bien tirée par
des offres d’excuses ou des demandes de pardon qui par leur minimisation et
leurs mensonges ne répondent en rien à ses propres exigences pour accorder
l’absolution à ses fidèles.
Malgré les déridages, les botox, les interventions chirurgicales, les
traitements palliatifs, l’Église de Rome est en phase terminale. Ses
sursauts de santé ne peuvent plus tromper les observateurs; nous avons un
cadavre encore chaud, mais un cadavre tout de même. Comme on disait que
l’Empire turc était l’homme malade, on peut dire que l’Église est la dame
malade et gravement malade. Il n’existe plus de médicaments efficaces, plus
de traitements possibles.
Les prêtres quittent leur propre Église et le recrutement est nul. Dans
beaucoup de diocèses, des églises, des séminaires et des presbytères sont
vides.
Europe
Après la chute du communisme, l’Église de la Pologne est en crise comme tous
les pays en chrétienté. Mais Jean-Paul II par aveuglement volontaire ou non
ne voyait pas cette crise. Dans ce pays et dans bien d’autres comme
l’Irlande, le Québec, la Russie, Chypre, parce que la religion catholique
était très identitaire, l’Église incarnait la nation. Maintenant que la
nation est libérée, la religion est remise à sa place.
En Italie, les catholiques pratiquants représentent 15% de la population et
les catholiques non pratiquants, à peine 20%. Au pays des papes, seulement
50% de la population se déclare catholique.
Au Portugal, pourtant pays si catholique, on ne procède pratiquement plus à
aucune ordination.
En Allemagne, les prêtres rebelles se multiplient et le scandale de la
pédophilie a décimé ses fidèles. En l’année 2010 seulement, l’Église a perdu
250 000 fidèles.
En Suisse, le clergé célibataire semble en voie de disparition.
Amérique
Même aux États-Unis, les Églises se vident de leur sang. Le In god we trust
est remplacé par le In gold we trust. Cependant, les Églises
presbytériennes, pentecôtistes et épiscopaliennes semblent échapper à la
crise. À Cleveland/Ohio, Mgr Richard Lennon a fermé 27 paroisses.
En Amérique du Sud, le clergé a toujours été faible et en plus, ce continent
sombre également dans le chaos des sectes.
Il ne s’agit plus de reniement, d’anticléricalisme, d’hostilité comme
autrefois, mais d’indifférence et d’oubli, ce qui est pire encore.
Afrique
Et voilà une Église qui se suicide au Rwanda. Ce sont les très catholiques
Hutus et Tutsis qui se sont entretués au niveau d’un million de victimes.
Non seulement c’est la perte d’autant de fidèles, mais un exemple effroyable
pour le reste du monde. Comment des catholiques baptisés, inspirés par
l’Esprit-Saint, peuvent-ils s’entretuer à ce point, d’une façon aussi
horrible et barbare?
Par contre, c’est en Afrique que l’Église catholique connaît son plus haut
taux de croissance. Mais à quel prix? Scandales sexuels des prêtres qui
violent des religieuses pour ne pas attraper le sida et interdiction du
condom par Jean-Paul II ce qui fait des milliers de victimes du sida chaque
année. De plus, l’Église semble là aussi incapable d’enrayer la croissance
phénoménale des sectes. Ah! le doux temps de l’Inquisition!
Asie
En Asie, le phénomène des sectes ronge aussi l’Église philippine. Elle
souffre en outre de la chute des ordinations.
En Inde, il existe de fausses conversions et un faux recrutement de prêtres.
Les Intouchables se « convertissent ». Pour ces soi-disant sous-hommes,
devenir prêtre c’est échapper à l’intouchabilité. Alors quelle est la
sincérité de leur conversion?
En Corée du Sud, l’expansion de l’Église catholique est foudroyante, mais le
Japon reste hermétiquement fermé au catholicisme. Ce sont les Américains si
chrétiens qui ont exterminé la petite communauté catholique japonaise en lui
jetant charitablement sur la tête la bombe atomique.
En Chine aussi, le catholicisme est en pleine expansion, mais c’est une
fausse expansion due au climat politique étouffant. Chaque année, 100 000
Chinois se convertissent et on a construit 300 nouvelles églises. La
République compte six millions de catholiques.
La chute des ordinations de prêtres catholiques est mondiale.
Les statistiques sur le nombre de catholiques dans le monde augmentent sans
cesse, mais l’Église, en fait, se vide de ses fidèles qui l’abandonnent
encore plus rapidement tout en restant dans les statistiques, des
catholiques culturels, par habitude.
Nous assistons maintenant à l’apostasie silencieuse des catholiques qui se
détachent de la pratique religieuse sans bruit, sans éclat, sans violence de
la pratique religieuse comme c’est le cas au Québec.
De plus, l’Église se saigne de l’intérieur : départ des prêtres, faible
recrutement, scandale des prêtres pédophiles, défrocations,
excommunications.
Les autres Églises chrétiennes
La crise religieuse est également mondiale. Non seulement toutes les Églises
catholiques meurent doucement, mais les autres Églises aussi. En Russie, où
l’Église orthodoxe a fait figure de résistante au communisme et
d’incarnation de la nation a connu un regain de ferveur après la chute du
communisme, mais l’Église est retombée dans les vieux péchés de son alliance
avec le pouvoir politique. Comme en Pologne, cette Église est gravement
malade.
En Angleterre, les églises de l’anglicanisme se sont vidées ainsi que les
temples des Églises luthériennes.
La Révolution religieuse tranquille
Emprisonnés dans la cage catholique, les Québécois auraient pu réagir
violemment comme les Français en 1789, mais leur longue tradition de
soumission politique et religieuse leur a fait choisir une meilleure
solution. Devant la violence, l’Église se serait sentie attaquée et aurait
eu un réflexe de persécution et de victimisation. En optant pour l’abandon
tranquille, non violent, qui vidait les églises lentement, mais sûrement les
Québécois ont acculé l’Église à l’impuissance et au silence. Comment se
prétendre persécutée par une population qui déserte la pratique religieuse
sans le moindre geste de violence? L’Église ne pouvait que se résigner à
l’évidence. Sur le plan religieux, la Révolution a donc été également
tranquille et même douce et pacifique presque chrétienne. Les Québécois ont
quitté leur Église sur la pointe des pieds en prenant garde de ne pas la
sortir de son sommeil profond. Cependant, ils sont restés attachés aux
rituels du baptême, du mariage et de l’enterrement. Allez donc comprendre!
Au Québec, le déclin de l’Église est le fruit d’un ras-le-bol et d’une
hostilité des Québécois envers la religion.
Après la description de chacun des crimes de l’Église universelle et une
exposition des crimes de l’Église du Québec, chaque chapitre se termine sur
une mise en accusation claire et précise de l’Église en ce qui regarde
chacun de ses crimes ou de ses méfaits.
Chaque méfait et crime est en caractère gras, en majuscules et précédé d’un
astérisque pour qu’il soit bien identifié. Les mises en accusation sont bien
claires également.
Il faut dire qu’il n’est pas toujours facile de tracer une ligne claire
entre méfaits et crimes. Quels critères utiliser pour faire une telle
distinction?
J’ai identifié comme méfait des actions de l’Église qui n’ont fait que nuire
sans causer trop de dommages par exemple la falsification de notre Histoire
ou la collusion de l’Église avec le colonisateur britannique.
Par contre, si une action de l’Église du Québec se rattache à un grand crime
de l’Église de Rome je la retiens comme crime. Par exemple, sa conduite
inquisitoriale, sa misogynie ou son antisémitisme. Je retiens aussi comme
crime des actions de l’Église graves dont les victimes se comptent par
milliers comme la maltraitance des enfants, son immoralité ou le génocide
culturel des Autochtones. Certaines actions ont aussi été retenues comme
étant des crimes à cause de leurs conséquences collectives sur le peuple
québécois. Par exemple, l’ingérence politique, l’hégémonie envahissante de
l’Église et surtout son opposition à la création d’un ministère de
l’éducation. À l’intérieur des chapitres, il y a aussi des crimes
spécifiques comme l’opposition de l’Église au mouvement des Patriotes ou à
l’Institut canadien qui ont eu des conséquences très graves sur une période
de plus d’un siècle.
Il va se trouver fort bien que des lecteurs ne soient pas d’accord avec mes
distinctions entre méfaits et crimes et je suis ouvert à la discussion. Il
appartiendra à l’Assemblée nationale et aux tribunaux à porter des
accusations plus pertinentes.
Ce livre ne comprend pas le côté sombre du protestantisme et du judaïsme,
religions présentes au Québec depuis deux siècles et demi. Mais l’Église
comprend à la fois l’Église catholique francophone et l’Église catholique
irlandaise anglophone.
Malgré tous ses crimes, l’Église se prétend « sainte » et inspirée par
l’Esprit Saint. Ces crimes prouvent que cette inspiration est fausse.
Si l’Église les expie, alors ses crimes sont tellement énormes qu’elle en a
jusqu’à la fin des temps à se morfondre en expiation.
On va prétendre que ce livre s’acharne sur une Église déjà accablée et qu’il
vaudrait mieux la laisser tranquille ne serait-ce que par charité
chrétienne. Mais ce livre dénonce des méfaits et des crimes dont l’Église
n’a pas encore été accusée, pour lesquels elle n’a pas encore offert ses
excuses et demandé pardon; il invite l’Église non seulement à confesser
clairement, non pas un, mais tous ses méfaits et ses crimes, sans en omettre
ou les minimiser ou les justifier, mais il somme aussi l’Église de subir son
procès comme elle en a fait tellement subir à ses victimes de l’Inquisition
et de ses excommunications, justice immanente et non sentiment de vengeance.
L’Église elle-même n’aurait jamais donné l’absolution à ses fidèles qui se
seraient confessés en minimisant leurs péchés et leurs crimes, en les
omettant et en ne faisant preuve d’aucun remords, d’aucun ferme propos. Ce
livre veut la forcer à se confesser solennellement et à faire face à la
justice de gré ou de force.
L’Église n’est pas malade, elle souffre de criminalité profonde.
Si Dieu existe, il n’en attend pas moins de son Église.
Je tiens à préciser que les accusations que je porte contre l’Église
catholique du Québec, je les fais en mon nom. De là l’expression J’ACCUSE.
Si des lecteurs veulent se joindre à ses mises en accusation, ils en ont
tout le loisir.