EXTRAIT
Deux frères chassent l'Orignal à
«Vent de la Savane» Octobre 2013
Récit, Pierre Granger, Fondation littéraire Fleur de Lys
Avant-propos
Nous sommes au Québec. La chasse à l’emblématique Orignal y est une activité
ancestrale très prisée des Québécois. Le cheptel est riche, en santé et le
territoire se prête bien au développement de cet imposant mammifère doté
dans sa version masculine d’un panache de taille respectable.
Qui n’a pas vu un reportage télévisé sur la chasse à l’orignal ? Que ce soit
au Canada ou ailleurs en Amérique du nord cela n’a guère d’importance, c’est
le même gibier et le même habitat. Ces reportages sont très bien faits et
très complets. Nous pouvons y voir un succès de cent pour cent en une
demi-heure ou une heure sous l’œil vigilant de la caméra.
Ces reportages sont généralement tournés dans des régions où la chasse est
contingentée et le gibier en grande abondance. Ces chasses sont supervisées
et dirigées par des guides aguerris. Ces guides connaissent très bien leur
territoire, l’habitat du gibier et ses habitudes de vie.
N’importe quel chasseur peut accéder à ce genre de chasse. Moyennant
quelques dollars, il suffit de s’inscrire à un tirage au sort qui intervient
à une date déterminée.
Si vous avez de la chance et que votre nom est tiré, vous pourrez avec votre
groupe participer à une semaine de chasse dans l’un de ces petits paradis du
chasseur et de l’orignal. Il vous faudra tout de même débourser quelques
milliers de dollars chacun pour y avoir droit. C’est un très faible
pourcentage de chasseurs qui a cette chance et par le fait même les moyens
financiers de se payer ce genre de voyage de chasse. Ces endroits où vous
pouvez accéder par tirage au sort sont les réserves fauniques administrées
par le gouvernement du Québec. Ces réserves offrent différents services de
logement, chalet, camping ou caravaning.
Certaines d’entre elles sont connues pour être plus giboyeuses que d’autres
et donc plus demandées.
Il y a également les pourvoiries privées où vous devez réserver à l’avance
pour obtenir une place de chasse et différentes façons d’être reçu en
qualité de chasseur en pourvoirie. Les plus luxueuses (donc les plus
dispendieuses) vous offrent le guide et le gîte en chambre ou en chalet. Le
forfait peut contenir la restauration, l’apprêtage du gibier après
l’abattage, la conservation de la viande, le véhicule quad… Ce sont de
véritables oasis de vacances. Pour d’autres c’est plus rustique. Le
pourvoyeur fournit un chalet ou vous apportez votre propre logement : tente,
caravane… Le pourvoyeur réserve un territoire exclusivement attribué à votre
groupe pour une durée et à une date déterminées. Il est de la responsabilité
des chasseurs de visiter leur territoire, de l’étudier et de choisir les
endroits les plus favorables pour y placer les salines (dépôt de sel et
autres produits attractifs pour les orignaux) et la cache si nécessaire.
Il existe aussi les propriétaires terriens qui louent leur terre en
exclusivité pour la chasse. C’est le même principe pour le logement. S’il y
a lieu, ce dernier est fourni ou les chasseurs se logent eux-mêmes. Bien sûr
certains chasseurs ont la chance d’habiter près du lieu de leur chasse et
peuvent dormir dans leur lit chaque soir. Dans cette dernière catégorie il y
a plusieurs chasseurs de fin de semaine uniquement.
Il nous reste enfin ceux qui chassent sur les territoires libres qui ne sont
pas des réserves, pas des pourvoiries ni des terrains privés. Ces terres
sont la propriété du gouvernement et nous les appelons les terres de la
Couronne.
Lorsque vous regardez une bonne émission de chasse à l’orignal ou autre,
vous ne voyez que la cerise sur le ‘‘Sunday’’. Vous ne voyez pas les gars
qui ont construit le petit pont traversé en quad par les chasseurs ni les
hommes qui suent à grosses gouttes, dévorés par les mouches noires et autres
insectes lorsqu’ils défrichent les sentiers à coups de hache, machette et
scie à chaîne pour faciliter le passage des chasseurs et des caméramans avec
leur attirail. Vous ne voyez personne construire une cache. Pourtant il y en
a dans plusieurs émissions de chasse, pas obligatoirement la chasse à
l’orignal, d’ailleurs. Vous ne voyez pas non plus le guide qui a marché à
travers de grandes étendues de forêt pour y trouver les meilleurs endroits
les plus fréquentés par le gibier. On ne voit jamais personne construire un
camp de chasse. Lorsque vous chassez en territoire libre ou en pourvoirie
rustique ou sur une terre privée, vous devez tout faire vous-mêmes. Peu
importe le niveau de difficulté, il faut allier courage et huile de bras.
S’investir de telle sorte pour plusieurs chasseurs fait partie intégrante du
plaisir de la chasse à l’orignal.
Dans les pages qui suivent je vais m’efforcer de vous raconter et de vous
faire vivre tout le plaisir que nous avons eu avec mon frère Luc à préparer
et à conclure la chasse 2013 dans une pourvoirie semi rustique : « Vent de
la Savane » où, seul l’orignal mâle, cette année encore est autorisé au
prélèvement.
Mais avant je ne saurais passer sous silence l’aide inestimable d’Evelyne,
sans laquelle ce livre n’aurait jamais vu le jour. Ses connaissances, ses
encouragements, sa ténacité, son dévouement m’ont été très précieux. Merci
Evelyne.
Merci à mon frère, Luc, de bien vouloir partager cette magie avec moi.
Merci à mon père qui, dès mon plus jeune âge m’a injecté directement dans le
sang, un amour inconditionnel de la forêt et de ses richesses.
Merci à ma mère qui nous a toujours encouragés à chérir et à respecter la
Nature.
Merci à France, mon épouse dont la patience constante pour mes nombreuses
absences et la mémoire précise des évènements que je lui relatais de ces
moments, ont permis aussi à ce récit d’exister.
|