Banlieue
de Montréal, 1999. Arthur Dubois, soixante et un ans, partage avec sa femme
Germaine Thivierge, la maison, la haine, l'entêtement et le même lit. Depuis
des années, les deux belligérants ne s'adressent plus la parole. Arthur subit
son destin. Il pourrait pourtant traverser la rue et aller jouir de son bonheur
avec sa maîtresse, la douce et effacée Pauline Desrosiers, celle qui lui
apporte espoir et réconfort.
Un retour sur le passé de ces êtres ballottés par le sort nous lance sur leur
chemin de jeunesse, du plus profond de leurs rêves, jusqu'à l'achèvement de
leur destin.
Délaissé par son ivrogne de père, Arthur connaît une enfance de misère. À
quatorze ans, la rencontre de la jeune Pauline vient illuminer sa vie. Aussitôt
parue, elle s'en va, le laissant avec une vision utopique et naïve d'un amour
de passage. Plus tard, à l'âge adulte, il fait la connaissance de Germaine et
se laisse entraîner par la force de caractère de cette jeune fille téméraire.
Alors qu'il retrouve Pauline dans toute sa pureté, il choisit de marier
Germaine.
Pourquoi ?
Puis, le couple étriqué d'Arthur et Germaine se disloque. Ils durent et s'écorchent
pendant quarante ans. Au moment où Pauline ressurgit dans la vie d'Arthur pour
lui offrir la paix, il sombre dans la détresse. Oiseau sans parlure, toujours
ballotté par les vents de travers, il se lance sur la piste enfiévrée d'un trésor
éphémère. Croyant trouver une fortune enterrée dans la cave de sa maison, il
creuse la métaphore de sa vie et déterre sa souffrance à l'état pur. Il
n'aura que mendié sa place au soleil, mettant plus de soixante ans à la
trouver dans la simplicité de l'amour de Pauline.
Germaine crachait le feu, un personnage énigmatique, insolent, parfois menaçant.
Partie pour la gloire, cherchant à se donner du pouvoir, elle se bute à
l'autorité qu'elle a voulu narguer. Au début des années cinquante, dans un
milieu fermé, avec peu de bagage, sa force se liquéfie en rage. Même si elle
s'acharne à mettre sa petite fortune dans une machination, son pari est perdu
d'avance. Elle devra se contenter d'arnaquer un plus faible et vivre sa désillusion
en cachette.
Pauline, qu'as-tu fait de ton talent ? Tout ce bagage de finesse, de bonté, de
grandeur d'âme ne s'est-il pas fané sur un chemin de facilité, balayé par
une première peine d'amour ? Que cherchais-tu auprès d'Arthur, douce Pauline ?
Un homme molasse, Arthur. Une femme revêche, Germaine. Une douce amante,
Pauline.
L'odyssée culmine dans une échappée rocambolesque où la vie de chacun
bascule dans l'inimaginable.
* * *
Appréciation des lecteurs |
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Jean-Luc Hétu (auteur), le 28 août 2004. J’ai navigué sur le ruisseau, refaisant à rebours la route de ceux
qui l’avaient descendu au fil de leur vie. Un beau voyage. Un beau livre. Une belle histoire sur la condition humaine, sur
trois humains aux prises avec leur passé et leur destin. Un scénario bien
tricoté, reflet de beaucoup de créativité. Le personnage du jeune Arthur est très attachant. Ça parle bien de
tous les enfants négligés, laissés à eux-mêmes. Je garde à cet effet cette image
très forte de la maîtresse qui «installa Arthur dans le fond de la classe et
l’oublia là pendant sept ans». Le drame d’Arthur et celui de Germaine est raconté avec sensibilité
je pense en particulier à ce passage :
Après s’être si peu dits, sans se toucher, sans avoir noué leurs regards, ils se
mirent en marche sur cette voie amère. À cette heure, les eaux montantes vinrent
submerger ces deux âmes en perdition engloutissant le rêve et l’espoir. Ils
coulaient enchevêtrés tous les deux dans le chaos de l’inconscience, dans la
froidure de l’indifférence, pour la vie, pour toute leur vie. Ils passèrent
corps et âme de l’autre côté de leur existence, là où la tendresse s’attiédit,
où l’amour s’ensommeille, où le cœur s’ankylose, laissant derrière le souvenir
hagard et farouche d’un bonheur perdu qui s’enfuit en geignant. Ou à cet autre où le réflexe d’Arthur de reconnaître son enfant et d’assumer sa
paternité nous montre que les enfants ne sont pas condamnés à répéter les
erreurs de leurs parents. J’ai trouvé l’épilogue très fort, très touchant. Comme si la
présence de Jean-Guy et le pardon donné à Germaine venaient racheter un peu de
la stagnation de cette existence. Et puis, la présence de Pauline, tout au long
du récit, qui vient apporter une touche d’humanité et de rédemption dans
l’existence d’Arthur. Je sens que je vais demeurer habité longtemps par le souvenir de la
dure Germaine, qui n’aura pas connu l’amour, par la figure complexe d’Arthur,
avec son potentiel laissé en friche, mais qui aura au moins connu l’affection de
Pauline, et par la figure de Pauline, choyée par la vie et source de soleil pour
son ami Arthur. Toujours étonnant de constater que des personnages comme ces
trois-là, pures émanations de l’imaginaire d’un auteur, acquièrent une existence
autonome pour survivre dans la mémoire des lecteurs. Merci Réal.
Monique Bernier. Je viens de terminer la lecture de
ton roman... Un ruisseau à rebours. J'ai trouvé ton roman savoureux, intéressant
à lire. J'ai été prise par la vie des personnages. Je trouve que ces personnages
sont admirablement bien campés... chacun dans sa propre personnalité, chacun
dans son histoire de vie, chacun dans sa souffrance... Je trouve que tu as su
donné à ces personnages un souffle de vie, un mouvement, une émotion qui fait
qu'ils sont réels, qu'ils nous touchent et qu'on les aime. Bravo pour ce
beau travail que tu as fait. J'ai été fasciné par la richesse du
vocabulaire, la recherche des mots et l'originalité des expressions ou des
métaphores. Ça mérite qu'on s'y arrête et qu'on s'y attarde vraiment... J'ai été
ravie de te lire. Félicitations!!!
Colette Larose. J'ai passé la fin de semaine avec
Arthur, Germaine et Pauline... et c'est avec grand regret que je suis arrivée à
la page 172. S'il y avait un deuxième tome, je m'empresserais d'aller le
chercher.
J'ai été impressionnée par la qualité de ton écriture, sa poésie, et le juste
équilibre entre le fond et la forme. Tu as su rendre tes personnages
attachants et tellement vivants. J'ai beaucoup aimé la structure de ton roman,
que je trouve originale : tes trois personnages aujourd'hui, puis l'histoire de
chacun, puis la suite de l'histoire aujourd'hui, jusqu'à son dénouement. Que
dire de plus... c'est d'une grande sensibilité et d'une fine psychologie.... et
la couleur du langage est exquise. J'ai beaucoup aimé!
Lucile Bastien. Déjà fini le ruisseau à rebours...
Une histoire belle qui nous laisse un peu de chagrin, mais combien de réalisme
dans ces vécus pas bien loin de nous finalement. Tu n'es pas un écrivain
seulement, mais un peintre un sacré peintre, ton récit déborde de périphrases
savoureuses de métaphores pleines de lumière, le placotage est souvent drôle de
même que le choix judicieux des mots réveille les idées et nous laisse voir une
exposition de jolis tableaux. Un style varié, entreprenant qui nous entretient
jusqu'au bout. Les scènes de la découverte de l’amour sont pleines de fraîcheur
et bien faites L'approche de la mort et le fond du ruisseau belle image, le
pardon n'est pas gros, mais il est là. J'aurais aimé connaître les amours de
Pauline et de son mari, bien que je sache que cela ne pouvait pas combattre avec
l’expérience connue d'Arthur. Toutefois, tu transmets cela avec tellement de
doigté.... mais je comprends que tu préférais passer cela sous silence. On
aurait pu savoir un peu plus de ces quarante ans de vie le livre aurait été plus
gros plus long. Mais tel qu'il est c'est un petit bijou d’écriture.
Félicitations
Viviane Tchang. Ça faisait au moins 15 ans que je
n'avais pas lu un roman. Je l'ai dévoré littéralement ! Je l'ai terminé mardi
après-midi, moins de 24 heures après son début !!... Excellent !... J'ai adoré
son petit côté terre à terre qui nous rentre dans l'histoire sans qu'on puisse
dire non... D'un réalisme effarant, j'avais l'impression de faire partie de
cette histoire... Des noms, des places, des rues et des écoles que je connais
très bien... que c'est amusant ! Mille fois bravo !!
Appréciation des lecteurs |
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Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Épilogue |
Chacun porte …
Le chant de l’alouette.
Un oiseau sans parlure.
Folle enchère.
L’année de la noce.
L’année de la magouille.
Un ruisseau à rebours. |
9
35
49
71
103
135
165 |
CHAPITRE I : Chacun porte …
À trois heures du matin, Arthur Dubois viraillait dans son lit depuis minuit.
Incapable de trouver le sommeil, il endurait le mauvais cinéma que lui offrait
son cerveau. Les ronflements tonitruants de Germaine vrombissaient sous les
couvertures. À bout de patience, il se leva et retourna vidanger pour la
troisième fois cette vessie capricieuse.
« J’aurais dû coucher chez Pauline. Au moins, a’ ronfle pas et j’aurais pu
prendre un de ses somnifères. »
À son retour dans la chambre, Germaine avait poussé la couverture. Il jeta un
oeil découragé à la masse de graisse sirupeuse étendue sur le dos, la bouche
édentée grande ouverte, la chemise de nuit en flanelle jaune moutarde de Dijon
écrasant les montagnes et les vallons de ce corps qu’il ne pouvait plus
souffrir. À soixante et un ans, il se sentait claquemuré au bout de sa vie.
Malgré son âge, Arthur gardait une surprenante vigueur, sa maîtresse Pauline
pouvait en témoigner. Pourtant, cette nuit, il se sentait lessivé. Le cœur lui
flottait dans la mixture des trois bières et des quatre gins de la soirée. Il se
disait que son entêtement et celui de Germaine Thivierge allaient les emporter
avant longtemps tous les deux au fond d’un trou derrière l’église de Lachenaie
s’ils n’arrivaient pas à trouver une solution. Plus de quarante ans de mariage,
dont dix ans en colocataires, s’ignorant mutuellement, demeurant chacun sur son
quant-à-soi, attendant impatiemment que l’autre lève les pieds pour s’approprier
le patrimoine familial. Un assez modeste pécule en fin de compte, un bungalow
insignifiant sur la rue Legendre, hérité du bonhomme Thivierge, et un chalet à
Saint-Sauveur. Une vie à bizouner des jobines de construction, à se désâmer pour
pas grand-chose, pour se retrouver Gros-Jean comme devant. Sa femme, Germaine,
qui travaillait encore dans une agence de voyage-tourisme, s’en sortait beaucoup
mieux. En une occasion, ils avaient parlé de divorce, confirmant ainsi de façon
irrévocable que, pour rien au monde, l’un ou l’autre des belligérants ne
céderait un traître sou à l’adversaire. Dix ans à garder le fort en attendant
que l’autre lâche le morceau. Au moins, si Arthur avait pu convaincre Germaine
de lui laisser la grande chambre à coucher. Peine perdue, jamais elle ne lui
donnerait l’avantage de la pièce la plus vaste, la plus chaude, la plus éclairée
de la modeste résidence. Alors, ils moisissaient là, barricadés dans le même
lit.
Au petit matin, le pauvre bougre glissa dans des rêves lubriques où il
s’adonnait à des jeux pas très de son âge avec sa belle Pauline vêtue d’une
chemise de nuit écourtichée, transparente, jaune tulipe qui lui arrivait au
nombril. À six heures, le carillonnage épouvantable du vieux réveil posé sur la
table de chevet le fit tressauter. Germaine mit une sourdine à son tuba. Pour
s’en débarrasser, il lui planqua un vigoureux coup de pied dans les mollets.
Alors, elle grogna sournoisement, puis se laissa tomber en bas du lit, ce qui
relâcha la tension du pauvre sommier qui soupira d’aise. Lorsque sa codormeuse
eut enfin quitté pour se rendre à son bureau de Terrebonne, il s’endormit,
épuisé de sa nuit de tourments.
Né
à Beloeil en 1945, Réal Burelle a fait carrière à Hydro-Québec.
Jeune retraité depuis quelques années, il s'est depuis résolument
tourné vers sa grande passion, l'écriture.
Autodidacte, il a commencé à pratiquer son art dans différents
ateliers littéraires ainsi que dans des sessions de formation sur
mesure. En décembre 2001, il participe à un premier concours (Contes
et Poésies des Pays-d'en-Haut) où il obtient le premier prix du
jury.
Après avoir publié quelques récits, nouvelles et poésies, en 2002
monsieur Burelle réalise son premier roman : un ruisseau à rebours.
Un recueil de poésie est également en chantier.
En plus de l'écriture, Réal Burelle s'adonne également à la peinture
et à la pratique musicale depuis plusieurs années. Amant de la
nature, il réside maintenant à Ste-Anne-des-Lacs en banlieue de
St-Jérôme.
Réal Burelle se fera un grand plaisir de lire
et de répondre personnellement à vos courriels.
Voici son adresse électronique :
realburelle@hotmail.com
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