PRÉSENTATION
République fédérale du Québec - Refonder le Québec à
partir des régions,
Manifeste, Me Guy Bertrand, Fondation littéraire
Fleur de Lys
Esprit
libre et indépendant, Me Guy Bertrand travaille
depuis plusieurs années sur le projet
Liberté-Nation, qui propose aux Québécois une
prospective, un regard vers l’avant, une nouvelle
manière de penser et de concevoir notre avenir
collectif. Il s’agit en quelque sorte d’un projet
futuriste, que certains pourraient qualifier de
politique-fiction, mais qui en même temps se veut
réaliste.
Dans sa vision à la fois orientée vers le futur et
fondée sur une analyse des potentialités du Québec
d’aujourd’hui, l’auteur arrive à la conclusion
qu’advenant la réalisation du projet Liberté-Nation,
la province canadienne du Québec, qui, depuis 1867,
n’est qu’une simple composante d’une monarchie
constitutionnelle, achèvera son cours en 2030 pour
devenir la République fédérale du Québec. Celle-ci
sera constituée des dix-sept régions administratives
québécoises actuelles, qui deviendraient alors des
États autonomes, unis et fédérés au sein de cette
république, permettant ainsi à la nation québécoise
de se réaliser en tant que nation libre, moderne et
prospère.
Dans ce manifeste qui se démarque par l’aspect
novateur de son contenu et par l’originalité de sa
présentation, Me Guy Bertrand fait un exposé des
diverses étapes politiques nécessaires à la
réalisation du projet Liberté-Nation et à la
naissance de la République fédérale du Québec.
Convaincu de l’immense potentiel que recèle le
Québec, l’auteur convie donc ses concitoyens des
dix-sept régions du Québec et de toutes les
origines, y compris les peuples autochtones, à faire
de leurs régions le levier principal de la
refondation dont le Québec éprouve de nos jours un
criant besoin.
|
EXTRAIT
République fédérale du Québec -
Refonder le Québec à partir des régions,
Manifeste, Me Guy Bertrand, Fondation littéraire Fleur de Lys
INTRODUCTION
Le Québec est déjà un pays, mais il est inachevé. Le droit international
confère au peuple québécois la liberté d'assumer son destin propre, de
déterminer son statut politique et d'assurer son développement économique,
social et culturel. Malheureusement, les politiciens québécois n'ont pas su
dans le passé exercer avec succès ce droit, ni dégager un consensus
acceptable, pour une majorité claire de leurs concitoyens, sur le statut
politique éventuel du Québec.
Ce consensus, ce sont les liens que les Québécois, y compris plusieurs parmi
les indépendantistes, ne veulent pas couper avec le Canada, même dans un
Québec indépendant.
Nous avons l'obligation de parachever le pays québécois si nous voulons
assurer l'avenir du Québec français. Mais cet objectif ne sera possible que
si les Québécois sont assurés de conserver des liens symboliques,
identitaires et économiques avec le Canada.
Depuis quelques années, on a mis beaucoup l'accent au Québec sur la réforme
du mode de scrutin, qui se traduirait par un mode de scrutin proportionnel.
Certains intellectuels et politiciens se sont notamment fait les promoteurs
d'une constitution du Québec et d'une citoyenneté québécoise dans le cadre
de la Fédération canadienne actuelle. S'il est vrai que ces réformes
s'imposent, il est aussi vrai qu'elles n'auront de sens que si elles sont
envisagées dans un cadre plus vaste, lequel comprendrait une réforme globale
des institutions et du statut politiques du Québec. Pour être valable, une
telle réforme ne peut se limiter à une partie d'un tout indissociable.
Il n'y a aucune certitude en politique
Le présent manifeste n'est rien d'autre que le fruit d'une réflexion et
d'une analyse politique et philosophique sur un combat que je mène depuis
longtemps, à vrai dire depuis mon passage à l'Université McGill en 1958-59,
pour que le Québec devienne autre chose qu'une œuvre inachevée sur le
continent nord-américain. Après toutes ces années, je réalise qu'il n'existe
aucune certitude en politique.
Le grand philosophe anglais, Bertrand Russell, s'exprime ainsi sur le doute
: « Je pense qu'on ne doit être certain de rien. Si vous êtes certain, vous
vous trompez certainement, parce que rien n'est digne de certitude; et on
devrait toujours laisser place à quelque doute au sein de ce qu'on croit; et
on devrait être capable d'agir avec énergie, malgré ce doute. Dans la vie
pratique, on doit agir avec des probabilités».
Cet humaniste soutient à juste titre que si la philosophie «nous tient en
haleine, nous propose de penser à ce que nous pourrions savoir. Elle nous
rappelle aussi à la modestie, et nous donne à penser que ce que nous prenons
pour la connaissance ne l'est pas toujours».
Conscient de cette réalité, je vois maintenant l'avenir du Québec sous un
éclairage nouveau et plus humain. Ma fréquentation avec nos amis du Canada
anglophone, pendant une période d'environ 5 ans, m'a permis d'apprendre des
choses qui m'étaient jusque-là inconnues.
Je comprends mieux maintenant pourquoi la constitution d'un pays ne devrait
être destinée qu'à protéger les intérêts de l'être humain et que l'être
humain ne devrait jamais être sacrifié pour préserver l'intégrité d'une
constitution ou d'une loi, quelle qu’elle soit.
Il est donc impératif pour nous tous de constater que le monde a changé et
qu'en conséquence nous ne devons pas hésiter à remettre en question nos
vénérables institutions lorsqu'elles ont fait leur temps, notamment la
Constitution canadienne, à laquelle manque notre signature.
Sur les «hésitations historiques» du peuple québécois
On dit souvent que le peuple québécois ne sait pas ce qu'il veut; que les
Québécois sont indécis, ambivalents et peureux. Tantôt ils élisent un
gouvernement qui veut l'indépendance, tantôt un gouvernement favorable au
fédéralisme canadien. La vérité ne serait-elle pas plutôt que les partis
politiques et les politiciens québécois n'ont jamais su présenter au peuple
québécois une option constitutionnelle ou un statut politique qui soit à la
fois la continuation de son histoire et le reflet de ses ambitions futures ?
Je suis convaincu que l'ensemble des Québécois souhaiterait vivre dans un
Québec indépendant si, en même temps, ils avaient l'assurance de pouvoir
conserver des liens identitaires, symboliques et économiques avec le Canada,
le pays de leurs ancêtres.
Certains diront que nous voulons le meilleur des deux mondes. Et pourquoi
pas ? Il n'y a absolument rien de honteux, pour un peuple qui représente
moins de 2% de l'ensemble de la population de l'Amérique du Nord, à vouloir
rechercher à la fois la sécurité en conservant des liens avec le Canada, et
la dignité en réalisant l'indépendance nationale du Québec. Voilà pourquoi
il est approprié pour le Québec de revendiquer tous les pouvoirs d'un État
indépendant si on veut protéger et promouvoir l'identité, la culture et la
langue françaises en Amérique du Nord.
Qui sait ! L'âme de notre peuple n'est peut-être pas pleine de
contradictions, d'hésitations et de peurs, comme certains le croient. Elle
serait plutôt faite de nuances, de subtilités et de prudence qui auraient,
depuis trop longtemps, échappé à nos politiciens et à nos gouvernements.
Je suis du même avis que le philosophe québécois Fernand Couturier,
malheureusement trop peu connu, lorsqu'il écrit que : « Contrairement à ceux
qui croient que les résultats négatifs des deux référendums de 1980 et de
1995 sur la souveraineté devraient avoir fermé cette question pour de bon,
nous pensons que la situation globale en requiert plutôt une relance.
C'est-à-dire une mise à jour à la faveur d'un approfondissement vers
l'essentiel capable de faire apparaître dans une nouvelle clarté les
exigences réelles et urgentes de notre présent ».
C'est cette relance que permet le Projet Liberté-Nation que j'ai conçu pour
mes compatriotes québécois. Il s'agit d'un véritable plan d'affaires pour
permettre à nos dix-sept régions administratives d'obtenir le statut d'États
autonomes, unis et fédérés au sein d'une république de langue française,
soit la République fédérale du Québec. Ainsi la nation québécoise devenue
indépendante d'Ottawa sera libérée de la tutelle canadienne mais demeurera
unie au Canada par un traité d'alliance, et non unie dans le Canada par la
Constitution canadienne.
Le projet Liberté-Nation : une invitation aux régions
à prendre la relève du provincial
Il revient désormais aux dix-sept régions administratives actuelles de
modeler l'avenir du Québec, puisque le gouvernement provincial a atteint ses
limites. Le temps est venu de mettre fin à l'approche provincialiste des
partis politiques nationaux face aux régions, à leurs élus et à leurs
populations. C'est ce que propose le Projet Liberté-Nation.
Visitées et courtisées lors des campagnes électorales provinciales, puis
abandonnées aux mains de députés et ministres obligés de se soumettre à la
ligne de leurs partis provinciaux respectifs, les régions se voient
perpétuellement confinées à un rôle de second plan. Contrôlées par le
gouvernement provincial et trop souvent soumises aux intérêts des partis
politiques nationaux, les régions ne recevront l'aide nécessaire à leur
développement que si les dirigeants élus du gouvernement québécois la jugent
appropriée pour se maintenir au pouvoir.
Cette approche paternaliste empêche les régions de s'assumer pleinement en
disposant de tous les pouvoirs et de toutes les ressources utiles à leur
développement. Affirmer qu'un Québec fort dépend de la force de ses régions
ne suffit pas. Il faut passer aux actes.
Malheureusement, il ne faut pas attendre dans un avenir prévisible de la
part du gouvernement du Québec qu'il adopte une approche différente quant
aux régions. De plus, aucun parti indépendantiste n'offre actuellement aux
régions un partage juste et équitable des pouvoirs et des ressources, et
encore moins l'autonomie. Bref, nos régions sont condamnées à vivre en
éternelles adolescentes, alors qu'elles font pourtant preuve, et ce, depuis
longtemps déjà, de leurs capacités à s'affranchir comme des adultes
responsables.
Le changement – pour ne pas dire la révolution – ne peut venir que des
régions elles-mêmes. Le Projet Liberté-Nation détaillé dans ce manifeste
reconnaît pleinement la capacité des régions à devenir des États autonomes
et à se fédérer pour fonder la République fédérale du Québec. L'indépendance
du Québec est d'abord et avant tout une affaire régionale, une démarche
d'émancipation des régions et de leurs citoyennes et citoyens qui y vivent.
Car le Québec n'ira jamais plus loin que là où ses régions veulent aller.
L'affirmation selon laquelle «l'avenir du Québec repose sur ses régions»
prend donc ici tout son sens. Il ne s'agit plus d'un simple slogan, d'une
politique d'aide régionale contrôlée par le gouvernement du Québec, de
subventions arrachées au provincial ou et au fédéral par des députés de
circonscriptions ou des ministres délégués aux régions. Autrement, un Québec
indépendant ne changerait rien pour les régions. À l'image «d'un Québec fort
dans un Canada uni», elles demeureraient perpétuellement sous l'emprise d'un
gouvernement du Québec encore plus «fort dans un Québec unitaire». Bref,
dans un Québec indépendant, nos régions ne devraient pas subir la situation
que le Québec vit actuellement avec le gouvernement fédéral.
Beaucoup plus qu'une simple décentralisation
Aussi, le Québec indépendant doit offrir beaucoup plus qu'une simple
décentralisation qui serait conçue dans la seule optique d'apaiser les
revendications régionales. Pourquoi ne pas proposer à chaque région
l'autonomie d'un État, avec son propre parlement, son propre gouverneur et
ses propres représentants élus au parlement central de la fédération ? Ce
projet d'indépendance implique donc la définition, dans la constitution du
nouveau pays, du partage de tous les pouvoirs avec les États régionaux, et
ce, dans les moindres détails. Et si le gouvernement du Québec n'accepte pas
ce partage, l'indépendance n'a pas de raison d'être pour les régions
québécoises.
Par exemple, la gestion des ressources naturelles doit revenir aux États
régionaux et inclure une péréquation pour un partage équitable avec les
autres États. Notre expérience au sein du Canada nous a donné une excellente
connaissance du concept de «péréquation», une formule de partage des
richesses entre les provinces les plus riches et les plus pauvres. Dans un
Québec indépendant, il s'agira de définir notre propre politique de
péréquations et de l'appliquer entre nous et au profit des régions.
Nous connaissons également très bien le concept de «fédération», avec ses
avantages et ses désavantages, puisque le Canada nous en procure aussi
l'expérience. Dans un Québec indépendant, la constitution du nouveau pays
fédérera les États régionaux à l'avantage de tous. Évidemment, comme dans
toute fédération, rien n'est parfait et des problèmes surgiront ; mais
alors, ce sera entre nous et selon nos propres aspirations communes que nous
les résoudrons. Il n'est pas question d'admettre une nuit des longs
couteaux, ni de maintenir des statu quo dévastateurs. Nous savons fort bien
que pour être viable et durable, une fédération se doit d'évoluer.
Dans ce partage des pouvoirs avec les États régionaux, tout doit être sur la
table pour solidifier les assises du Québec que sont nos régions. Ainsi, on
ne peut pas envisager que les impôts, les taxes et les juridictions
récupérés du Canada par le Québec soient seulement l'apanage du gouvernement
du Québec. Autrement et une fois de plus, les régions se retrouveront dans
la même position que le gouvernement provincial actuel face au gouvernement
fédéral canadien. C'est d'abord et avant tout pour les régions que
l'indépendance doit prioritairement changer des choses.
Pour lire la suite télécharger votre
exemplaire numérique gratuit ou
commander votre Exemplaire papier : non disponible : non disponible : non disponible
|